Jeûne et randonnée
Qu’est ce que c’est ?
Le principe est simple : passer une semaine de vacances, au contact de la nature, à randonner… sans manger.
Pourquoi jeûner ?
Il y a au moins autant de raisons de tenter l’expérience que de jeûneurs. Certains veulent perdre du poids, d’autres espèrent vivre une expérience particulière. Pour ma part, c’était l’idée de tourner la page de ma vie omnivore quelques années après avoir commencé un régime végétarien.
Comment ça se passe ?
Une semaine avant de commencer il est conseillé de se préparer, en faisant une « descente alimentaire » : enlever chaque jour une famille d’aliments (protéines animales, céréales, légumineuses, légumes pour finir par les fruits) et réduire les quantités de nourriture à mesure que le jeûne approche.
Le jour J, après avoir fait connaissance avec les autres jeûneurs, dans certains stages, on nous propose une « purge » (pas dans les stages hygiénistes). Il s’agit de boire un breuvage vraiment pas bon qui a pour objectif de vider l’intestin et, vous pouvez me croire sur parole, ça vide !!! Pour les ventres fragiles, je recommande plutôt la version « jus de pruneaux » moins violente à mon goût. Et puis dodo (sans manger bien sûr).
Viennent ensuite les jours de jeûne ainsi rythmés : réveil, tisane, 3 à 4 heures de randonnée, tisane, temps libre (pour moi = sieste), bouillon de légumes (sans légumes, juste le goût), conférence sur différents sujets (jeûne, nutrition, santé, naturopathie, etc., c’est variable d’un stage à l’autre) et dodo.
Puis, le dernier jour : la reprise alimentaire sous forme d’un déjeuner à partager.
Enfin, de retour à la maison, il faut faire le chemin inverse lors de la « remonté alimentaire » en réintroduisant les aliments en douceur sur sept jours.
Mes impressions
Les sensations dans le corps et l’esprit sont fortes. Entre la tête qui me tourne les premiers matins, les cauchemars et la transpiration odorante, j’ai eu du mal à me reconnaître les premiers jours. Ces manifestations sont partagées par une grande partie des jeûneurs du groupe ce qui m’a aidé à les accepter pour moi-même, à lâcher prise et à observer ce que je vivais.
Les randonnées furent de grands moments de bonheur : me sentir chaque jour un peu plus remplie d’énergie, alors que je ne mangeais pas, m’émerveillais. La peur de manquer de nourriture me quittait peu à peu et laissait place à une confiance en moi, la découverte de la capacité d’adaptation de mon corps à cette expérience singulière.
Je n’ai pas ressenti la faim, par contre, j’ai beaucoup dormi. Mes capacités de concentration ont diminué dès le deuxième jour (impossible de lire des livres sérieux sans m’endormir) au profit d’une impression de vivre pleinement chaque instant.
Le clou du séjour : la reprise alimentaire. Une expérience unique, un feu d’artifice de sensations, les goûts, les odeurs sont plus forts que jamais, plus colorés et pétillants aussi, c’est un peu magique de partager cela avec les autres comme si je mangeais pour la toute première fois.
L’expérience du jeûne confrontée au regard extérieur
Le classique : « tu paies pour des vacances sans manger ? », oui, car il y a deux accompagnateurs toujours disponibles qui me guident dans cette expérience, me font découvrir de magnifiques randonnées, me rassurent et assurent ma sécurité. Ils connaissent les effets physiques et psychologiques d’un jeûne et m’ont été d’une grande aide. Chaque soir, un cours de très bon niveau apporte des outils pour mieux comprendre la nutrition, le corps et d’autres sujets passionnants. Ensuite, nous avons les tisanes et les bouillons du soir (même si le quatrième jour, je ne pouvais plus en avaler un goutte car j’en étais écœurée). Enfin, nous sommes logés dans un lit douillet. Tout cela a un prix… mais il est tout à fait possible de jeûner seul chez soi gratuitement.
L’inquiet : « c’est une secte, les journaux en ont parlé ». Comme dans tous les domaines il peut y avoir des personnes mal intentionnées et la privation de nourriture rend vulnérable. C’est pourquoi il est intéressant de se renseigner au préalable. Pour ma part, j’ai testé trois stages très différents notamment du fait de la personnalité des accompagnateurs mais aussi de la méthode (hygiéniste ou Buchinger) et je n’ai pas fait l’expérience d’un comportement à caractère sectaire. Il existe une fédération Française qui protège l’appellation « jeûne et randonnée » et vise à limiter les comportements abusifs.
L’incrédule : « Tu vas mourir de faim ». Un être humain en bonne santé et de constitution normale a environ 40 jours de réserves, la survie est assurée !
Mes trucs
- Faites une bonne descente alimentaire pour limiter les désagréments du type « mots de tête ».
- Apportez une bouillotte, bien agréable pour la sieste.
- Ceux qui aiment marcher avec des bâtons, c’est le moment de les sortir !
- Ne prévoyez pas de restau ou de dîners au cours des descentes et remontés alimentaires.
En résumé
Il s’agit avant tout d’une aventure personnelle, à faire si on en a envie et quand on est prêt. Elle permet de repartir du bon pied après l’hiver, car j’aime le faire au printemps, au moment du renouveau.
Le site de la fédération française : ffjr.com
Gaëlle B.