Écoconstuction

Rénovation thermique : quelles aides ?

Par Nolwenn Weiler, le 22 octobre 2020

panneau solaire

Rénover son logement n’est pas qu’un projet personnel. C’est aussi un défi collectif visant à réduire notre empreinte écologique globale. Plusieurs aides publiques sont donc proposées à ceux et celles qui décident de se lancer. Problème : comprendre ce à quoi on a le droit est un vrai casse-tête !

Par où commencer quand on veut rénover, et qu’on a besoin d’un coup de pouce financier ? « Il faut être très prudent avec Internet, avertit d’emblée Nadia Kaminski, conseillère info énergie en Île-de-France. Le lien qui mène à la page officielle des aides publiques, celle du gouvernement, n’apparaît jamais en haut de page quand on fait une recherche générale type “aide publique à la rénovation”, ou “ma prime rénov’”. » Une fois arrivé sur le bon site (qui commence par https://www.economie.gouv.fr/), le casse-tête n’est, hélas, pas terminé : onze aides différentes sont listées. La première, le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), est en fin de vie, « prolongé de manière transitoire jusqu’au 31 décembre 2020 » pour les ménages les plus aisés. « Ceux qui veulent engager des travaux doivent faire vite », conseille donc Nadia Kaminski.

Des aides à géométrie variable

Nouvelle née parmi les aides publiques, « Ma prime rénov’ » est effective depuis avril 2020. Remplaçante du CITE, « elle s’adresse aux ménages les plus modestes et dépend du nombre de personnes au foyer », détaille Nadia Kaminski. Notez qu’il y a plusieurs catégories de ménages : « les modestes », « les très modestes », « les revenus intermédiaires ». Il y a aussi des différences selon que vous habitez en Île-de-France ou pas. « Exemple : si je suis modeste ou très modeste, et vivant seul.e, j’aurai droit à 20 000 euros pour isoler mon logement par l’extérieur si je suis en Île-de-France et 14 000 si j’habite en Province », cite Nadia Kaminski. Vous suivez toujours ?

Versée au moment de la facturation des travaux, « Ma prime rénov’ » est réservée aux propriétaires occupants. « Elle s’ouvrira peut-être à l’avenir aux propriétaires bailleurs, voire aux syndicats copropriétaires. Mais on n’en sait pas plus pour le moment », poursuit Nadia Kaminski. Forfaitaire, et donc fixe, « Ma prime rénov’ » tient compte des autres aides attribuées. Son montant est calculé en fonction de ce que vous pouvez toucher en certificat d’économie d’énergie (CEE) par exemple. « L’affichage est simple, mais les calculs sont compliqués », concède Guireg Le Bris, coordonnateur régional breton des espaces infos énergie.

Des dispositifs multiples

Le plus sûr, quand on a un projet de rénovation, c’est donc d’appeler le réseau Faire (plate-forme nationale au 08 08 800 700) où vous serez mis.e en lien avec des conseillers locaux. Ils pourront vous dire si cela vaut le coup de regarder du côté de « Habiter mieux sérénité », une aide allant de 7 000 à 10 000 euros pour les particuliers qui prévoient de diviser leur consommation d’énergie d’au moins 25 %. Autres points à vérifier : pouvez-vous bénéficier de la réduction d’impôt Denormandie qui s’adresse aux acheteurs/rénovateurs dans 222 villes françaises ? Serez-vous exonéré de taxe foncière ? Pouvez-vous solliciter les aides de Action logement ? Quelles sont les aides délivrées par votre région, commune, département ? « À cela s’ajoutent les prêts à taux zéro qu’il faut négocier avec sa banque », souligne Nadia Kaminski.

« Le plus important, c’est d’anticiper, insiste Guireg Le Bris. Dès que l’on sait qu’on va lancer des travaux, il faut regarder du côté des aides. » Car pour bénéficier de « Ma prime rénov’ », par exemple, il faut créer son compte avant de faire les demandes de devis, les téléverser, attendre la notification d’attribution, puis lancer les travaux. Idem pour les CEE : il faut formuler la demande avant de signer les devis. « Tout se fait sur Internet, remarque Nadia Kaminski. C’est une vraie difficulté pour de nombreuses personnes. »

Les aides peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros, mais « il faut rester vigilant et ne pas y passer trop de temps », pense Guireg Le Bris. « Si on calcule les aides à chaque devis demandé, on risque de se perdre en préalables et d’abandonner avant même d’avoir commencé les travaux. Le mieux, c’est de faire deux ou trois simulations, mais pas cinquante ! » Il conseille même de ne pas conditionner les travaux à l’obtention d’aides, mais d’être plutôt en capacité de financer ses travaux, en se disant que les aides viendront comme un plus.

  1. Il s’agit des villes bénéficiaires du programme Action cœur de ville.

 

CEE, quésaco ?

Les certificats d’économie d’énergie (CEE) sont des aides indirectes à la rénovation, financées par les gros fournisseurs d’énergie (Total, EDF, Leclerc ou Carrefour). Comment ça marche ? L’État attribue à chaque fournisseur d’énergie un quota d’économies d’énergie à atteindre. On parle de kilowattheures Cumac. Si ces économies ne sont pas réalisées, les fournisseurs doivent payer une pénalité. Pour atteindre leurs objectifs, ils peuvent racheter des kilowattheures Cumac aux particuliers qui réalisent des travaux chez eux. La valeur du kilowattheure Cumac est fixée par le fournisseur d’énergie. « Plus il approche de ses objectifs d’économies, moins il rachète cher », remarque Guireg Le Bris. La valeur des kilowattheures Cumac dépend aussi du revenu des ménages qui les revendent…. Elle est donc déconnectée des économies réelles réalisées. « Au fil du temps, on s’est éloignés de la réalité physique de l’économie d’énergie, souligne Guireg Le Bris. On est sur un dispositif exclusivement financier. » La difficulté, pour les particuliers, c’est que l’offre est pléthorique. « En plus, les fournisseurs ne parlent pas toujours de CEE », relève Guireg Le Bris. Ils peuvent évoquer des « primes » ou des « chèques d’économies » ou autres noms commerciaux… « C’est si compliqué de s’y retrouver que c’est le dispositif d’aides où il y a le plus fort taux d’abandon. »

Pour aller plus loin

www.faire.gouv.fr

www.maprimerenov.gouv.fr

www.ecologique-solidaire.gouv.fr

www.actionlogement.fr


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