Mobilité

Mobilité : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (4/8)

Par Léa Dang, le 17 mars 2022

©Le Cil Vert

Episode 4/8. Depuis son élection, Emmanuel Macron s’est positionné à plusieurs reprises comme le « président du climat », de son appel aux chercheurs américains lors du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris à son récent discours d’inauguration à la COP26. Mais, dans les actes, qu’en est-il ? Avec la fin de son quinquennat vient le temps du bilan. Agriculture, énergie, habitat, climat… Voici une série de huit épisodes consacrés aux mesures écologiques prises par Emmanuel Macron, dont deux épisodes seront publiés chaque semaine jusqu’à l’échéance des élections. Pour ce quatrième opus, on analyse ses politiques dans le domaine de la mobilité.

Pas question de rupture non plus concernant les politiques de mobilité. Emmanuel Macron mise beaucoup sur la voiture électrique, l’hydrogène ou encore le fameux « avion vert » et s’inscrit donc dans la continuité du modèle existant, malgré les limites désormais bien documentées de ces technologies – loin d’être décarbonées. Quelques solutions positives, comme la relance des trains de nuit ou encore le soutien aux mobilités douces, ont cependant été mises en place, mais elles ne pèsent pas bien lourd dans le bilan.

Ci-dessous : en rouge les mesures négatives, en gris les neutres, et en vertes les positives

     1. Loi pour un nouveau pacte ferroviaire

Adoptée le 14 juin 2021, la loi pour un nouveau pacte ferroviaire prévoit une réforme de la SNCF, qui lui fait perdre son statut d’établissement privé sous contrat (Epic) pour être transformée en société anonyme (SA). Depuis le 1er janvier 2020, le marché ferroviaire est ouvert à la concurrence et les nouveaux embauchés de la SNCF ne bénéficient plus du statut de cheminot. Cependant cette loi occulte les questions d’aménagement du territoire et, plus largement, de lutte contre le changement climatique.

      2. Loi d’orientation des mobilités

Si la loi d’orientation des mobilités (LOM) crée un « forfait mobilité durable » pour encourager les salariés à se déplacer à vélo, ou en covoiturage, entre leur domicile et leur lieu de travail, elle prévoit une interdiction de vente des véhicules thermiques (diesel et essence) en 2040 seulement. D’après un rapport commandé par Greenpeace Belgique au Centre aérospatial allemand (DLR), celle-ci aurait dû être fixée au plus tard en 2028.

      3. Plan vélo et mobilités actives

À l’occasion des deux ans du plan vélo et mobilités actives, le 14 septembre 2021, les ministres Barbara Pompili et Jean-Baptiste Djebbari ont ajouté 200 millions d’euros au fonds de 350 millions d’euros créé pour construire des pistes cyclables et tripler la part du vélo dans les déplacements quotidiens, sur une période de sept ans.

      4. Politiques en faveur de la voiture électrique

Emmanuel Macron a mis en place plu- sieurs politiques publiques en faveur de la voiture électrique : prime à la conversion, budget de plusieurs milliards d’euros investi dans son déploiement, création de bornes de recharge sur l’ensemble du territoire… Alors que la voiture électrique est loin d’être une solution entièrement écologique : sa fabrication est plus énergivore et émettrice en CO2 que celle d’un véhicule thermique en raison de la production et de la durée de vie de sa batterie.

      5. Relance des trains de nuit

La relance des trains de nuit, à travers le plan de relance ferroviaire, est une bonne nouvelle pour l’écologie. Celui-ci prévoit la réouverture de deux lignes, l’une pour desservir la Côte d’Azur (Paris-Nice), l’autre pour desservir les Pyrénées (Paris-Pau-Tarbes).

      6. Impact de la prime à la conversion

La prime à la conversion doit inciter les Français à se séparer de leurs vieilles voitures pour en racheter de nouvelles, moins émettrices en CO2. En créant un surplus de voitures à la casse, cette politique publique a cependant eu un effet rebond négatif. Selon l’Ademe, la quantité de résidus de broyage automobile a augmenté de 89 % de 2016 à 2018.

      7. Durcissement du malus auto

Le « malus au poids » automobile figure dans la loi de finances 2021 applicable à partir du 1er janvier 2022. Le seuil, prévu à 1 800 kilos – contre l’avis de la ministre, Barbara Pompili, et les associations éco- logistes qui demandaient un seuil à 1 300 kilos –, épargne en définitive la plupart des modèles les plus polluants de SUV. Par ailleurs, seuls les véhicules neufs sont concernés par ce malus.

      8. Abandon de la taxe carbone

La taxe carbone devait inciter les Français à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone, l’un des principaux gaz à effet de serre. L’effort ne pouvant être porté injustement par les classes sociales les plus précaires, le gouvernement, suite au mouvement des Gilets jaunes, a dû abandonner cette taxe.

      9. Projet de loi de finances

Chaque année, le gouvernement présente un projet de loi de finances pour l’année à venir. Pour le PLF 2021, un amendement prévoit de mettre fin au soutien financier des exploitations de nouveaux gisements d’hydrocarbures : en 2021 pour le pétrole lourd et les sables bitumineux, en 2025 pour le pétrole et en 2035 pour le gaz. Des délais jugés encore trop longs par les associations écologistes.

      10. Abandon de la vignette poids lourds

Suite aux manifestations des professionnels routiers, le gouvernement a abandonné la mesure des vignettes poids lourds dans la loi d’orientation des mobilités. Cette redevance aurait pourtant permis de récolter 500 millions d’euros par an.

      11. Refus de la taxation sur le kérosène

Une étude de la Commission européenne estime que taxer le kérosène réduirait les émissions de CO2  de l’aviation européenne de 11 %. Mais le gouvernement a refusé de créer une taxe sur ce carburant. À la place, une écocontribution sur les billets d’avion est prévue dans le plan de finances 2020, mais celle-ci représente un budget bien moindre.

      12. Soutien au grand contournement ouest (GCO)

En 2018, le gouvernement a validé le projet de construction du contournement autoroutier proche de Strasbourg. Les travaux ont débuté après l’expulsion de la ZAD et malgré les nombreuses contestations et demandes de moratoire de la part d’associations et d’élus.

      13. Recul sur la protection des arbres en bordure des routes

Les arbres en bordure des routes font l’objet d’une protection particulière depuis la loi de reconquête de la biodiversité de 2016. Mais peut-être plus pour très longtemps : le gouvernement a inséré un article dans le projet de loi relatif à « la différenciation, la décentralisation, la déconcentration » qui simplifie l’abattage des arbres d’alignement aux fonctions écologiques pourtant nombreuses.

-> Bilan : 2 mesures sur 13 positives


Lire aussi :

Agriculture : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (1/8)
Climat : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (2/8)
Habitat : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (3/8)
Consommation : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (5/8)
Energie : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (6/8)
Santé environnementale : quel bilan pour Emmanuel Macron ? (7/8)
Biodiversité : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (8/8)


Pour aller plus loin 

Dossier sur le bilan écologique d’Emmanuel Macron à retrouver dans son intégralité dans notre K60.


© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

Soutenir Kaizen Magazine, c'est s'engager dans un monde de solutions.

Notre média indépendant a besoin du soutien de ses lectrices et lecteurs.

Faites un don et supportez la presse indépendante !

JE FAIS UN DON

Mobilité : quel bilan écologique pour Emmanuel Macron ? (4/8)

Close

Rejoindre la conversation