La poule : l’animal de compagnie zéro déchet
Les poules ont la cote en France. L’agglomération de Versailles a décidé d’en distribuer 400 à ses habitants pour les sensibiliser à la réduction des déchets. L’objectif : éliminer 60 tonnes de déchets par an. L’occasion également d’éduquer les enfants à la nature sans être à la campagne.

La tendance à la poule de compagnie débarque dans les mairies françaises. Le 3 avril dernier, l’agglomération de Versailles lançait une expérimentation : confier deux poules à 200 familles qui s’engagent à en prendre soin pendant au moins deux ans. A travers cette opération, l’agglomération sensibilise ses habitants à la réduction des déchets. Les conditions ? Disposer d’un jardin individuel, acheter un poulailler et s’engager à bien traiter les animaux. Un livret a été édité pour guider les habitants. Il retrace le b.a-ba des bonnes pratiques à adopter. Les Versaillais payent 10 ou 35 euros selon le couple de poules choisies, viennent s’ajouter à cela, les frais d’alimentation et d’habitat. Chaque poule devrait ainsi permettre d’éliminer jusqu’à 150 kg de déchets organiques par an.
Qu’elle soit rousse ou qu’elle soit noire, la poule est presque omnivore. Elle mange tout ce que nous ne mangeons pas. Avec deux poules dans son jardin, une famille de quatre personnes peut réduire d’un tiers le volume de ses déchets.
L’adopter ce n’est pas seulement réduire ses déchets. Entre coquilles, fientes et œufs frais, la poule s’auto-recycle. Avec la fiente récoltée, vous obtenez un excellent engrais écologique, bon marché et de qualité. Dans le potager, les coquilles d’œufs broyées enrichissent le compost et empêchent limaces, escargots et vers de s’installer. En échange ? Nettoyez régulièrement le poulailler et donnez-leur une poignée de céréales par jour.
Recycler et responsabiliser les enfants
« C’est une façon d’accueillir un animal de compagnie avec une démarche écologique et responsable » explique Aurore. Au fond de son jardin, on aperçoit trois poules : Black, Bateau et Flash. Chaque enfant est responsable de l’une d’entre elles. Tous les jours, ils pratiquent le même rituel : ouvrir le poulailler, vérifier l’eau et les graines, apporter les déchets de la journée avant de refermer l’enclos. Au matin, une récompense les attend : des œufs frais et de qualité. Chaque poule pond entre 220 et 250 œufs par an.

« En terme de pédagogie, s’occuper d’un animal responsabilise les enfants. C’est éducatif, facile et à leur portée. Il s’agit aussi de montrer qu’un œuf ne sort pas du supermarché. C’est une façon de les éduquer à la nature sans être à la campagne. » poursuit la jeune femme. Pourquoi la poule perd ses plumes ? Comment sont faits les œufs ? Autant de questions auxquelles les enfants trouvent des réponses au fil des jours.
Trois semaines après l’arrivée des gallinacés, les poubelles diminuent. Un nouveau bac de tri s’est invité dans la cuisine. Ce mélange d’épluchures et de restes alimentaires, les poules le picoreront dans la journée. Elles aiment tout : viandes, légumes, poissons ou céréales. Attention, certains aliments sont à bannir. Les peaux d’oignons, les feuilles de poireaux, les pelures de banane, d’agrumes et de kiwis et les restes trop salés ou épicés ne doivent pas être distribués. Si elles les consomment, elles risquent une indisposition ou une intoxication plus ou moins grave.
Mauvaises odeurs, bruits et fientes encombrantes, nombreux sont les clichés. L’adoption de plusieurs poules peut être l’occasion de sensibiliser son entourage aux bienfaits d’un poulailler. « Au fond du jardin, ni le bruit ni les odeurs ne nous parviennent. Lorsque nous en parlons autour de nous, nos proches trouvent la démarche surprenante et finalement après quelques explications, ils y adhèrent. C’est une façon de sensibiliser et de contredire les clichés. » conclut Aurore.
L’agglomération de Versailles renouvelle la distribution de poules le 28 mai prochain. L’adoption de poules se généralise en France. Les mairies de Barsac en Gironde, de Saint-Prix en Val d’Oise, de Chatillon en Hauts-de-Seine, de Foulayronnes en Lot-et-Garonne et de Pincé dans la Sarthe se sont également lancées dans l’opération. Et si les moutons arrivaient en ville pour tondre nos pelouses ?
Jessica Robineau
© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas
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