Allaiter, mettre toutes les chances de son côté
Allaiter est un choix, un engagement aussi dans une aventure à deux. La mère et son bébé ont des compétences innées pour cela qui s’expriment d’autant mieux que l’on est bien informée et bien soutenue. Conseils utiles pour réussir.
Illustration : Korrig’Anne
Allaiter ? Toutes les solutions sont possibles de la tétée d’accueil à l’allaitement prolongé, partiel ou exclusif. Si telle est votre orientation personnelle, mieux vaut faire appel à un expert pour bien commencer et mettre en place un allaitement. Car les avantages sont nombreux tant pour la santé du bébé et de la maman que sur le plan pratique (« prêt à l’emploi »), écologique, financier (environ 500 euros d’économies sur les six premiers mois ) que relationnel grâce au bain d’hormones (ocytocine) qui facilite le maternage. L’OMS considère que le lait maternel « favorise [notamment] le développement sensoriel et cognitif des nourrissons tout en le protégeant contre les maladies infectieuses et chroniques ».
Carole Hervé, consultante en lactation, recommande d’identifier au plus tôt les soutiens potentiels proches de chez soi – réunions d’information et de parole, consultantes en lactation – afin de s’informer pendant la grossesse et d’y avoir recours, en cas de besoin, après la naissance. La Leache League, association d’information et de soutien à l’allaitement, dispose d’un site Internet très complet pour s’informer. Avec des conseils appropriés et un bon accompagnement, l’allaitement maternel a toutes les chances de bien se passer. « Rarissimes sont les situations pour lesquelles il n’est pas possible, elles concernent moins de 1 % de cas », précise Carole Hervé. Cela signifie qu’il ne faut pas se décourager et qu’à tout moment, demander de l’aide permet de résoudre la plupart des situations. « Les professionnels de santé sont très peu formés à l’allaitement, il vaut donc mieux avoir eu une bonne information avant d’accoucher », confirme Véronique Darmangeat, consultante et formatrice en lactation.
Pour allaiter, nul besoin de préparer ses seins préalablement. Pas besoin non plus d’anticiper l’achat de matériel spécifique tels les bouts de sein de silicone. Quant aux crèmes, la solution de référence est la lanoline purifiée : sans danger pour le nourrisson, elle n’a pas besoin d’être enlevée avant la tétée. Les compresses de lait maternel sont aussi une solution efficace pour parer aux éventuelles crevasses.
Dans les premières heures de la naissance
Carole Hervé l’affirme : « Il y autant de manières d’allaiter que de couples maman-bébé. » En revanche, un facteur déterminant du bon déroulement de l’allaitement est la bonne prise du sein par le bébé (voir dessin). « L’immense majorité des bébés savent très bien faire cela à la naissance, à condition d’être placés dans une position où il peuvent le faire naturellement », précise Véronique Darmangeat.
C’est dans les instants qui suivent la naissance que les conditions sont les plus favorables à la mise en route de l’allaitement. Le réflexe de succion du bébé est optimal. Si le contact peau à peau peut être respecté, en 30 minutes ou 1 heure, le bébé va chercher le sein tout seul et le trouver. Plus la première tétée est précoce, mieux le bébé saura recommencer.
Si le démarrage ne s’est pas passé comme prévu, gardez à l’esprit qu’en matière d’allaitement, pratiquement rien n’est irrécupérable et faites-vous accompagner par une personne formée à la lactation.

Les recommandations pour un démarrage réussi :
– une bonne position du bébé au sein, ce qui évite douleurs de mamelons, crevasses, et, par une bonne stimulation du sein, apporte au bébé tout le lait dont il a besoin ;
-dès la naissance, un allaitement vraiment à la demande, c’est-à-dire sans limitation ni du nombre ni de la durée des tétées, sans intervalle minimum entre deux prises du sein (les 3 heures fatidiques !), ce qui permet d’éviter les engorgements, de bien mettre en route la lactation et de combler les besoins de nourriture, succion et contact du bébé ;
-pas de biberons de complément, qui comportent un double danger. D’une part, la tétine du biberon risque d’entraîner chez le bébé une confusion sein/tétine, qui fait qu’il ne sait plus « bien » téter le sein. D’autre part, les compléments (qu’il s’agisse de lait ou d’eau sucrée) perturbent l’établissement
de la sécrétion lactée : selon la loi de l’offre et de la demande, plus le bébé tète, plus il y a de lait, moins il tète, moins il y a de lait ; s’il est « calé » par un biberon, il va moins téter, fera fabriquer moins de lait, sera frustré à la tétée suivante, et l’on sera alors tenté de lui donner davantage de compléments. Amorce d’un engrenage qui aboutit très vite au sevrage du sein.
À savoir : pour se soigner tout en allaitant, consultez le CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes), site de référence sur les risques des médicaments pendant la grossesse et l’allaitement.
Extrait du Hors-série 5 « Pour une enfance joyeuse ».
© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas
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