Économie sociale et solidaire

Le Kaléidoscope, un tiers-lieu pour investir sur soi et avec les autres

Guillaume Carpentier assemble une oeuvre de Michel Delaunay, maker au Kaléidoscope / Laura Remoué

En périphérie de Rouen, une ancienne chartreuse abandonnée a fait place en 2017 à un tiers-lieu créatif : le Kaléidoscope. Entre ses murs, la coopérative fondatrice, Les Copeaux Numériques, propose à ses adhérents un fablab, des espaces de coworking et, surtout, un lieu de confiance et l’acquisition d’un « capital de connaissances ».

Pressé par son vernissage du soir, Michel Delaunay, artiste, retire le papier bulle de ses œuvres. En plexiglas comme en bois, il les a conçues au Kaléidoscope. Ouvert en 2017 au Petit-Quevilly, en périphérie de Rouen, ce tiers-lieu a été fondé par Les Copeaux Numériques. Dans ses espaces de coworking et son fablab, il accueille six résidents, une quinzaine de coworkers, et 196 makers adhérents qui se relaient tout au long de l’année.

« Le savoir va devenir ce qu’il y a de plus cher au monde, j’en suis convaincue », affirme Caroline Degrave, « directrice humaine des ressources des Copeaux Numériques », comme elle aime se présenter. Elle invoque un investissement sur soi et une « capitalisation des savoirs », au profit de sa propre autonomie.

Michel Delaunay, à l’honneur pour son vernissage, est un ancien professeur aux beaux-arts. Il a trouvé en ce tiers-lieu de quoi satisfaire sa créativité, retrouvée dès son départ en retraite. « J’avais une petite pièce dans ma tête dont la porte n’était pas fermée. J’ai ouvert les fenêtres et hop! Le moment était venu d’y aller ! »

Du jaune au bleu, les hauts murs colorés font résonner dans la grande bâtisse une atmosphère chaleureuse. Bien que des « liens marchands » unissent les coworkers et les makers, aux fondateurs, « ils font la vie du lieu. Nous travaillons dans une ambiance quasi familiale », sourit Caroline Degrave. Le matériel n’est donc pas la seule motivation pour intégrer le Kaléidoscope, mais les coworkers profitent d’un entourage rassurant et enrichissant.

Guillaume Carpentier s’affaire sur l’une des œuvres qui seront exposées le soir-même / Laura Remoué
Michel Delaunay peaufine l’accrochage de son exposition / Laura Remoué

« Tout est réalisable « ! »

Partager ses projets permet aussi de prendre confiance en ses propres idées. Nabila Namoune est l’une des coworkers. Mère de trois enfants et employée administrative au rectorat, elle n’osait pas se lancer dans la création de sa citronnade, héritée de sa grand-mère. « Caroline et toute l’équipe m’ont beaucoup encouragée pour lancer un crowdfunding. Désormais, ma citronnade est la boisson officielle du Kaléidoscope ! », lance-t-elle avec fierté. Au rez-de-chaussée en effet, François Marquetty, co-fondateur du tiers-lieu, ne cesse d’en vanter la saveur en servant les visiteurs de l’exposition.

Cette confiance, ils l’ont également transmise à des jeunes en décrochage, grâce au programme « Fablab solidaire ». « Bien qu’ils n’aient pas poursuivi professionnellement dans une voie en lien avec l’artisanat, ils ont compris qu’ils étaient capables de réaliser des projets », raconte Guillaume Carpentier, animateur au Kaléidoscope. Nabila Namoune confie : « J’ai emmené mes enfants ici pour qu’ils sachent qu’ils ne doivent pas faire de blocage vis-à-vis de leurs futurs projets. Tout est réalisable ! » se réjouit-elle. « C’est pour moi un lieu magique ! ». Adoratrice du bois, elle n’imaginait pas un jour pouvoir fabriquer ses propres supports de communication avec ce matériau.

Le tiers-lieu a cet avantage : ni les impératifs scolaires, ni les injonctions à la productivité industrielle ne sont de mise. Chacun évolue à son rythme et trace sa propre voie au gré des expérimentations. Guillaume Carpentier nous livre cette simple recette : « On essaie, on rate et on recommence ».

 

Par Laura Remoué

Le 4 juin 2019
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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Benjamin f. le 21/08/2019 à 15:04

"Dans ses espaces de coworking et son fablab, il accueille six résidents, une quinzaine de coworkers, et 196 makers adhérents qui se relaient tout au long de l’année." etc...

Il est selon moi dommageable d'utiliser tant de mots anglo-saxons ou issus de la novlangue qui entérinent cette mondialisation néolibérale, alors que vous prônez le changement même si celui-ci est pas à pas