Alimentation

Pour être plus heureux, j’arrête de surconsommer!



Arrêter de surconsommer ? C’est économique et écologique. Pour alléger son portefeuille tout en préservant l’environnement, Herveline Verbeken et Marie Lefèvre donnent des outils concrets aux lecteurs dans leur livre J’arrête de surconsommer ! (édition Eyrolles, 2017). Pour les auteures, ce changement de comportement « apporte un surcroît de bonheur ». En 2015, elles avaient déjà créé un groupe Facebook  : « Gestion budgétaire, entraide et minimalisme » axé sur l’écologie, qui regroupe aujourd’hui plus de 50.000 membres. Entretien avec Herveline Verbeken.

J'arrête de surconsommer
Herveline Verbeken, co-auteure du livre « J’arrête de surconsommer ! » © Gaëlle Coudert

Quelles sont les étapes pour arrêter de surconsommer ?

Dans le livre, nous proposons une démarche en vingt et un jours. La première semaine, le lecteur recherche son profil de consommateur. La deuxième, on donne des conseils plus axés sur le zéro déchet, dans tous les domaines. Puis, la troisième, on invite les gens à vraiment prendre conscience de ce qu’il y a derrière cette surconsommation. Le livre est fait pour proposer des pistes concrètes aux gens, et leur donner envie d’arrêter de surconsommer, tout en jouant sur l’aspect ludique.

Concrètement, quel est le premier pas ?

Le premier pas est celui dont on a envie, qui nous parle le plus. Avant tout, il faut d’accepter de faire moins et d’être moins exigeant avec soi-même, pour simplifier sa vie. On n’est pas obligé de fabriquer tous nos objets dans la salle de bains, tous nos produits d’entretien. L’idée est d’aller au plus simple. Moi je me démaquille avec de l’huile d’olive. Je n’ai pas besoin de la fabriquer. Nous pouvons nous demander à chaque acte de consommation : pourquoi je le fais ? Est-ce que j’en ai vraiment besoin ? Existe-t-il une solution plus simple ?

Arrivez-vous à appliquer tout ce que vous conseillez dans le livre ?

Marie et moi, nous ne sommes pas parfaites, ni l’une ni l’autre. Tout ce que l’on propose dans le livre, au moins l’une d’entre nous l’applique. On a tous nos limites : la clé est de ne pas se mettre de pression. C’est comme ça qu’on arrive à avancer

Cet ouvrage est basé sur vos expériences personnelles. Comment êtes-vous devenue une consommatrice raisonnable ?

Mon mari et moi avons commencé à nous préoccuper de l’écologie à la naissance de notre premier enfant en 2009. On a utilisé des couches lavables et fait attention à l’alimentation de notre fils. On consommait mieux, de meilleurs produits, mais on consommait toujours autant.

Le tournant a été en 2013, quand mon époux a fait un burn-out. Avec les arrêts maladie et l’invalidité, nous avons eu une perte de revenus. On avait un projet immobilier, des objectifs d’épargne pour finir la maison. Nous n’avions pas d’autre choix que de trouver des solutions. La démarche zéro déchet nous a permis par exemple de garder une qualité de vie, en ayant moins d’argent. Et mon mari a beaucoup réfléchi sur la question du travail : il s’est dit qu’il ne voulait plus reprendre une course à l’argent comme ça.

Est-ce donc vos difficultés économiques qui vous ont amené à une prise de conscience écologique ?

Souvent, on pense que la prise de conscience écologique doit venir en premier pour entraîner un changement. Mais nous constatons tous les jours que le contraire est possible, et même beaucoup plus efficace. Le livre s’adresse à tous publics, en particulier aux gens qui ont peu de moyens et qui ne s’en sortent pas. Leur problématique est de nourrir leur famille, certains sont très loin de l’écologie. D’autres aimeraient consommer différemment mais considèrent que ce n’est pas à leur portée. On propose donc de faire des pas concrets pour changer. Quand ils constatent que ça fonctionne, ils sont plus heureux et deviennent plus sensibles aux questions écologiques.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer à l’action et de diffuser votre message ?

Au départ, je me sentais comme une goutte d’eau dans l’océan. Puis, quand on a vu le film Demain avec Marie, on a vu qu’il y avait d’autres initiatives, d’autres gens comme nous. C’est vraiment motivant. On s’est dit que l’on peut tous faire quelque chose à notre niveau. On avait déjà ouvert notre groupe Facebook, et cela nous a donné beaucoup d’énergie et de confiance. On convainc plus quand on se sent porté par quelque chose !J'arrête de surconsommer

 

Propos recueillis par Gaëlle Coudert


Lire aussi : Le désencombrement, se débarrasser du superflu pour mieux vivre

Lire aussi : Do it yourself : réaliser un tawashi (éponge zéro déchet)

Le 31 mars 2017
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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Jean -Marc le 18/04/2017 à 21:35

J'ajouterais qu'il il n’y aura pas de changement de société sans changement personnel, comme nous le rappelle Pierre Rabhi.
Faites toujours de votre mieux... Soyez Tolteque!

résé le 13/04/2017 à 16:03

c'est paradoxal !!!
et pourtant tout a commencé sur fb, sur le groupe gestion budgétaire, entraide et minimalisme !
et au vu des questions posées.... non !! au final ce n'est pas paradoxal du tout !!!

Lucille le 13/04/2017 à 15:36

Bonjour Carine,

La diffusion aux plus grands nombres ne se fait pas uniquement via le "dématérialisée" (services médias et Internet), le livre est un excellent moyen de partager son/ses expériences. Le livre permet de lire, de relire encore et encore pour se replonger dedans, de prendre son temps pour intégrer certaines idées/principes (petits gestes par petits gestes), d'expliquer aux enfants loin d'un écran mais également pour pouvoir le prêter, le partager (voir le magasine Kaizen n°29 à ce sujet) et diffuser à notre tour le message : et là, le cercle est vertueux !

De plus, comme elles l'indiquent elles-mêmes dans l'interview, elles ne sont pas parfaites ! C'est les gestes qui comptent (histoire du Colibri ;)). Elles font de leur mieux et essayent de diffuser ce message.

Ce n'est pas parce que l'on prône quelque chose que tous ce que l'on dit / fait / diffuse doit tenir dans cet thématique. On devient alors obtus si on essaye de mettre les personnes dans des cases uniques. Laissons la place à un peu de liberté. L'être humain est un être imparfait et paradoxale. Il n'est ni tout noir ou tout blanc. Il est multicolore et caméléon, c'est ce qui en fait sa richesse.

Optons pour de la bienveillance et célébrons ces femmes pour ce livre et toutes les personnes qui grâce à celui-ci deviendront des petits Colibris.

Belle journée à vous et ceux et celles qui me liront.

savouret le 05/04/2017 à 17:21

il est bien entendu nécessaire de changer nos pratiques individuelles de consommation .

Toutefois, ces changements individuels aussi salutaires et indispensables soient ils ,ne sauraient avoir un impact réellement positif sur les ecosystémes si il n'y a pas de transformation profonde des modes de production et de l'organisation de nos infrastructures.

Ceci implique une action politique amenant à un changement d d'orientation radical des politiques mises en oeuvre à toutes les échelles ,ayant pour horizon la rupture avec un système capitaliste intrinsèquement prédateur des ressources , puisqu'il est fondé sur une logique de croissance permanente insoutenable. Bref , il s 'agit d 'organiser collectivement via une réappropriation (ou plutot une appropriation) des décisions politiques, la décroissance vers des sociétés soutenables et décentes

je vous conseille le lien suivant: l'écologie peut elle etre individuelle? afin d'appréhender les limites indubitables des solutions individuelles pour préserver la planète sans les transformations structurelles évoquées

dnancy.over-blog.com/.../l-ecologie-peut-elle-etre-individuelle.html

Carine le 03/04/2017 à 12:59

Je suis d'accord sur le principe. Et en même temps vendre un livre pour expliquer aux gens comment arrêter de surconsommer, c'est à mon avis vraiment paradoxal !

MariLyne le 01/04/2017 à 14:18

Bravo ! Un éveil à la réalité de la surconsommation dans nos vies et des pistes concrètes pour que chacun s'y retrouve. Un livre à mettre entre toutes les mains !