Agriculture

Agroécologie et permaculture

serres en permaculture © Fanny Dion

Agroécologie et permaculture : plus ou moins productives que l’agriculture industrielle ?

Il existe trois façons de mesurer la productivité agricole :

La productivité par travailleur. C’est là que l’agriculture moderne a construit sa force et est devenue totalement imbattable. Et ce qui a fait le drame des paysans du « tiers-monde ». Un paysan occidental sur son tracteur, travaillant seul son champ de plusieurs centaines d’hectares, même lorsque l’on retranche le coût de la mécanisation, des intrants et des produits phytosanitaires, reste des dizaines de fois plus productif qu’un paysan du « Sud ». Cette productivité ajoutée aux subventions et aux très faibles coûts de transports (on estime que le transport représente maintenant 1% du coût total dans les pays occidentaux comme la France) permet à nos pays d’inonder les marchés du monde entier, concourant à la ruine des paysans de nombreux pays d’Afrique, d’Inde, du Brésil…

La productivité par unité de surface. C’est là que de petites fermes comme celle du Bec Hellouin sont les meilleures. En croisant le bénéfice de toutes leurs influences : permaculture (zones, secteurs, micro-climats, compostage, paillage…), savoir faire des anciens (cultures sur butte, cultures associées, cultures à étages, rotation, place de l’arbre), semoirs de précision… elles sont en mesure d’obtenir le plus fort rendement par mètre carré, en employant plus de main-d’œuvre, mais avec une bonne rentabilité.

La productivité par calorie investie. Dans ce domaine, on peut estimer que l’agriculture moderne est plus mauvaise que tout ce qui a été inventé depuis le néolithique : elle dépense dix à douze calories énergie pour produire une calorie alimentaire. Ce qui n’est pas le cas de l’agroécologie ou de la permaculture.

Agroécologie et permaculture
Serres en permaculture © Fanny Dion

Pourquoi l’agriculture moderne, malgré sa faiblesse dans deux unités de mesure sur trois, reste-t-elle compétitive ?

Nous vivons pour quelques années encore dans un monde où la main d’œuvre reste extrêmement chère et le prix du pétrole très faible. Ce modèle est hérité du XIXe siècle où les énergies fossiles étaient perçues comme très abondantes et où on a principalement fait peser la fiscalité sur le travail. Ce qui fait dire à bon nombre de réformistes actuels qu’un bon moyen de basculer dans un nouveau modèle de société serait de réorienter la fiscalité en la faisant peser sur les ressources fossiles et l’énergie plutôt que sur le travail.

Mais ce monde du pétrole bon marché ne sera pas celui de nos enfants. Les terres se font plus rares, dévorées par l’urbanisation, elles perdent de leur fertilité, tandis que le prix du baril augmente régulièrement et que les réserves pétrolifères s’épuisent. Ce qui rend d’autant plus pertinentes les options nouvelles.

Pour preuve, le rapport d’Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, de mars 2012, qui montre que l’agroécologie permettrait de doubler la production alimentaire de régions entières en dix ans tout en réduisant la pauvreté rurale et en apportant des solutions au changement climatique. Rapport sur lequel s’est notamment appuyée Marie-Monique Robin pour réaliser son film les Moissons du futur.

Cyril Dion

Bande annonce Les Moissons du futur from M2R Films on Vimeo.

Le 2 novembre 2012
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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Corentin Genin le 05/11/2012 à 01:14

Bonjour,
Le rapport principal sur lequel MM Robin s'est basée est celui de Olivier De Schutter qui est Rapport Spécial des Nations Unies pour le Droit à l'Alimentation, et non un rapport de la FAO.
Merci de corriger.
Bien à vous
Corentin