Économie & Gouvernance

Une bataille gagnée contre les grandes enseignes commerciales

Avant le chantier, on dénombrait treize commerces dans cette « zone de protection particulière de l'artisanat » qu'est le bas de la rue du Faubourg-du-Temple.

Des petits commerces et des équipements culturels, c’est ce que veulent les riverains du quartier du Faubourg-du-Temple, à la jonction des 10e et 11e arrondissements de Paris. Mobilisés contre l’installation d’une grande enseigne de la distribution alimentaire au rez-de-chaussée d’un immeuble en construction, ils ont gagné la première manche !

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Dans l’est de Paris, à l’angle de la rue Bichat et de la rue du Faubourg-du-Temple, un chantier gigantesque est venu remplacer une cour typiquement parisienne, qui mélangeait habitat et activités artisanales. La Ville de Paris avait commencé à racheter des lots en 1982, annonçant la construction d’un immeuble de 144 logements sur cinq étages.

En mai 2006, la modernisation de ce coin de rue était votée par la Ville. Selon les plans fournis, le projet prévoyait d’accueillir cinq étages dédiés aux logements sociaux, une crèche, des parkings et quatre locaux commerciaux.

Mais les choses ont évolué en cours de route : en 2011, les habitants apprennent que sur les quatre parcelles commerciales prévues, seules deux seront finalement construites, et que la plus grande hébergera un magasin DailyMonop’. On compte pourtant de nombreuses grandes enseignes de distribution dans les rues voisines où pas moins de 23 supérettes et moyennes surfaces de la grande distribution se font concurrence. Alors, pourquoi ce choix s’impose-t-il ? Et pourquoi les riverains n’ont-ils été informés des travaux qu’en 2011, soit cinq ans après le vote, alors que les pelleteuses avaient déjà commencé leur œuvre ?

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Avant le chantier, on dénombrait treize commerces dans cette « zone de protection particulière de l’artisanat » qu’est le bas de la rue du Faubourg-du-Temple.

Faire entendre sa voix

Erika habite en face de ce que les riverains appellent le « trou ». Elle veille au grain depuis toujours. Elle aime son quartier et déplore de voir les commerces des rues adjacentes repris un par un par des grandes enseignes ou des boutiques de vêtements en série. « Les habitants sentent que le quartier leur échappe. Lorsqu’elle a lancé le projet, la mairie n’a pas consulté les gens. Quand les travaux ont commencé, une première pétition papier a tout de suite circulé. Elle a rassemblé plus de 400 signatures en peu de temps. Et puis j’ai décidé de prendre part au mouvement moi aussi et de créer un collectif de signataires. Pas question de laisser le bailleur social rentabiliser son chantier en attribuant le rez-de-chaussée à une moyenne surface sans consulter les habitants ! » Une seconde pétition est alors lancée sur Internet, les élus et le bailleur social sont consultés. La ténacité d’Erika et du collectif va s’avérer porteuse.

Stop Monop

Une première victoire

Trois années de discussions, de courriers, de demandes de rendez-vous se sont écoulées. Le 28 août 2014, Erika et quelques représentants du collectif sont reçus à l’hôtel de ville. La bonne nouvelle arrive enfin : la municipalité a entendu les revendications des habitants. Elle confirme le retrait de la grande enseigne ! Le 26 septembre, les plans de fractionnement des surfaces commerciales en quatre parcelles sont remis au collectif, à la demande de ce dernier. Quatre nouveaux commerces pourront s’installer au pied de l’immeuble. Le processus d’attribution des locaux démarrera en février prochain.

Le 27 septembre, le collectif a organisé une consultation citoyenne, une première pour ce projet de construction ! Les riverains se sont rassemblés au pied du chantier pour échanger leurs aspirations et les écrire sur des panneaux mis à disposition : « Une halle alimentaire, un café associatif, une boutique de jouets, un planning familial, un jardin, un poissonnier… » La liste est longue !

La création d’une halle alimentaire pour la vente directe de produits locaux semble déjà l’emporter. Une chose est sûre : le collectif continuera de faire entendre sa voix.

 

Par Dominique Firbal

 

Le 30 octobre 2014
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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