Nature

Rob Greenfield, du rêve américain à l’autonomie

Par Charlène Dosio, le 16 juillet 2020

© SierraFordPhotography

Suite à une prise de conscience, l’américain Rob Greenfield a décidé à l’âge de 24 ans d’opter pour la sobriété au détriment du luxe. Après avoir fait fortune dans la publicité, il choisit de se tourner vers un mode de vie plus en accord avec ses valeurs environnementales. Portrait. 

Devenir millionnaire avant ses trente ans, tel était le but que s’était fixé Rob Greenfield en entrant dans la vie active. Un défi plutôt bien parti pour le jeune homme qui, vivant à San Diego aux États-Unis et propriétaire d’une compagnie de marketing en 2011, gagnait déjà d’importantes sommes d’argent. « Mon travail consistait à créer des objets publicitaires inutiles (plaques, porte-clés et gadgets à l’effigie de l’entreprise) et néfastes pour la planète. » Petit à petit, le jeune entrepreneur se rend compte que cette vie de luxure et de biens matériels ne l’épanouit plus : « avec mon entreprise, j’ai réalisé que j’étais bien trop attiré par le gain d’argent et que la plupart de mes actions avaient de graves conséquences à la fois sur la planète, les gens qui m’entourent et les animaux. »

À l’aube de ses 24 ans, la prise de conscience prend alors de plus en plus de place dans la vie du jeune entrepreneur. En 2014, il cesse son activité et décide de partir à la découverte de personnes ayant déjà sautées le pas aux États-Unis, pour étudier de plus près ces modes de vie alternatifs. Des rencontres inspirantes, qui finiront de lui donner l’élan nécessaire à sa transition. « J’ai visité de nombreuses fermes, jardins et communautés basées sur un modèle durable et respectueux de l’environnement. Ces personnes m’ont vraiment impressionné. » Pour être à son tour capable de mettre en application ses idées, Rob n’hésite pas à puiser son savoir et à forger ses compétences par le biais de multiples sources. « J’ai essentiellement appris sur le terrain, grâce à mes différentes rencontres. Mais je suis également allé à des conférences et des cours, j’ai lu des livres, regardé des documentaires ou des vidéos en ligne » explique-t-il.

Un mode de vie minimaliste 

Aujourd’hui, le quotidien de Rob Greenfield est tout sauf ordinaire. Pas de domicile fixe, de douche, de téléphone portable, de compte bancaire, de carte de crédit, ou de voiture. Suite à sa prise de conscience, il a choisi de se construire un mode de vie minimaliste et en totale harmonie avec ses valeurs environnementales.

En 2017, Rob Greenfield dépose son sac sur un bout de terrain gentiment prêté par une habitante, à Orlando, en Floride. Il y construit alors sa propre Tiny House avec seulement 1500$ en poche et des matériaux de seconde main. Le tout accompagné de toilette sèche et d’un grand potager. « Ce projet était un réel défi personnel » déclare l’activiste. Son objectif pendant deux ans : se nourrir exclusivement d’aliments cultivés par ses soins ou récupérés dans la nature. Pas de supermarchés, ni de produits exportés. « Tout ce que je consommais provenait directement de mon jardin, qui était mon garde-manger principal et ma pharmacie. Mes journées étaient composées ainsi : je cultivais mes aliments, je cuisinais, je créais des recettes, et j’échangeais. » Une réelle autosuffisance alimentaire, développée avec de la persévérance et au fil d’expérimentations.

Rob Greenfield dans son potager et devant sa Tiny House, à Orlando (Floride). © SierraFordPhotography

Défi terminé en novembre 2019, Rob Greenfield décide alors de revendre son projet, aujourd’hui devenu une ferme urbaine, pour voyager autour du monde et rencontrer d’autres communautés inspirantes. « Je n’ai pas d’objectif précis. Ma vie et mon quotidien dépendent simplement de mes projets du moment. » Pas d’attaches ni de contraintes matérielles pour l’activiste écolo, qui possède seulement une cinquantaine d’affaires rassemblées dans son petit sac à dos vert. « Ma vie, je l’ai conçu sur mesure » déclaret-il avec le sourire. Des choix néanmoins pas toujours évidents, qui requièrent détermination et patience sur le long terme. « Vivre en dehors de la société peut être compliqué. Par exemple, les deux changements les plus difficiles pour moi ont été les toilettes sèches et de ne pas avoir de carte de crédit. Cela m’a nécessité plusieurs années avant de m’habituer. » 

Aujourd’hui, Rob Greenfield se sent épanoui dans ses choix. « Mon but a toujours été d’être équilibré et en bonne santé. Ce mode de vie me rend quotidiennement heureux. » Pour atteindre cette plénitude, l’activiste ne conseille pas à tout le monde d’adopter des choix de vie aussi radicaux que lui. Il insiste principalement sur l’importance de « commencer là où nous en sommes et avec nos propres moyens. » Selon lui, l’essentiel est surtout de réduire son empreinte carbone sur la planète et débuter de façon locale, notamment avec l’alimentation. « Utilisons le pouvoir humain et supportons les fermes autour de nous. Il y a tellement de changements que nous pouvons faire, ensemble. »

« Mon travail c’est d’inspirer les gens autour de la planète »

Durant son enfance, Rob Greenfield était le clown de la classe. « Susciter la curiosité et l’attention a toujours été dans ma personnalité » se remémore-t-il en souriant. Lorsque le jeune homme s’est plongé dans ce mode de vie alternatif, médiatiser et mettre son aisance naturelle au profit d’une cause qui a « du sens » était la suite logique à ses yeux. Parmi le flux d’informations négatives constant de la part des médias, Rob Greenfield a souhaité être l’option qui se démarque du paysage. « Je suis un passionné de la vérité. C’était impossible de rester silencieux dans ce mode d’inégalités et d’injustices sociales. Je voulais être le changement que je souhaitais voir dans ce monde. » dit-il, en reprenant les mots de Gandhi, l’une de ses inspirations principales.

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Rob Greenfield médiatise ainsi ses challenges personnels sur les réseaux sociaux, dont sa chaîne Youtube et son compte Instagram, où il est suivi par une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes. Parfois critiqué à ce sujet, l’activiste déclare : « mon travail c’est d’inspirer les gens autour de la planète, les pousser à se remettre en question et agir positivement. Utiliser les réseaux sociaux est une superbe opportunité, c’est extraordinaire de voir que ça fonctionne petit à petit. » Son dernier défi en date, “Trash Me” (jetez-moi à la poubelle), consistait à porter sur lui durant trente jours ses déchet produits, soit près de 38 kilos, dans les rues de New York. Pour cela, il s’est fait fabriquer un costume spécial pour lui permettre de transporter tous ses emballages sur lui. Une action coup de poing, visant à dénoncer le gaspillage alimentaire et sensibiliser au zéro-déchet.

L’activiste en est convaincu, il est important de se concentrer sur « ce que nous pouvons faire plutôt que sur ce qui ne va pas. » Selon lui, l’efficacité du changement à petite échelle est importante. « Les actions individuelles sont responsabilisantes, importantes et stimulantes. Nous ne pouvons pas forcément sauver le monde, mais qu’importe ce qui se passera dans le futur, je crois vraiment à l’impact positif de toutes ces actions. » Montrer que l’on peut être heureux avec moins, sans impacter la planète et les personnes qui y vivent, voici la philosophie de vie de Rob Greenfield.

Mais sa détermination d’influencer positivement le monde qui l’entoure ne s’arrête pas là. Pour l’année 2021, Rob Greenfield souhaite repousser davantage ses limites et continuer à se nourrir de manière autonome. Son objectif principal ? Cultiver des fruits et légumes dans un climat froid, près de la frontière Canadienne. « Il y a un grand nombre de personnes qui vivent dans des régions froides, où le climat est peu favorable à l’agriculture. Je souhaite leur montrer que c’est possible, qu’ils peuvent eux aussi avoir un mode de vie durable et respectueux de la planète. » En attendant l’année prochaine, l’activiste se lance également des petits défis personnels. Son prochain en date : faire une coupure totale des réseaux sociaux pendant un mois entier.


© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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