Mobilité

Partir en van, un premier pas vers l'aventure

Par Marion Paquet, le 4 août 2020

©Simon Pouyet

Tous les périples en van commencent de la même manière : une envie d’évasion, en marge du tourisme de masse, un besoin de liberté sans pour autant renoncer à un minimum de confort. Les voyageurs sont de plus en plus nombreux à expérimenter l’itinérance, en quête d’aventure, de simplicité et de reconnexion avec la nature.

Après une semaine de voyage dans le Sud de la France, il est temps pour Sophie Jarry, son conjoint et leurs deux enfants de 7 et 8 ans, de rendre le van de location dans lequel ils ont fait l’expérience du roadtrip : « Combien de fois, à la maison, j’ai eu envie de partir à l’aventure un vendredi soir, sans savoir précisément où passer le week-end ?! s’exclame la mère de famille, originaire de Seine-Saint-Denis. Mais partir à la dernière minute revient cher s’il faut louer un logement, prendre la voiture, manger au restaurant… alors qu’avec le van, il suffit d’attraper quelques affaires, un paquet de pâtes, et tout le monde est content ! » Depuis qu’il a des enfants, le couple regrettait de partir moins souvent en week-end, « parce que cela nous semblait compliqué. Avec le van, c’est simple, et c’est une aventure qui leur a beaucoup plu ». Malgré les quelques disputes habituelles entre frères et sœur, la promiscuité obligée les a rapprochés. « Ils ont tellement apprécié qu’ils étaient même prêts à dormir ensemble, ce qui ne serait jamais arrivé à la maison », se réjouit celle qui ressentait « une sorte de frustration liée au manque d’aventure dans notre quotidien de sédentaires ». Ce qu’a visiblement su combler le van, mais au prix de quelques concessions : « Nous avions emporté beaucoup trop de choses. Les premiers jours, nous avons fait des allers-retours quotidiens à notre voiture, garée à Perpignan, pour échanger des affaires superflues avec celles qui nous manquaient… toute une organisation à repenser.

©Simon Pouyet

Nous avons mis trois jours avant de comprendre ce qui était essentiel. » Alors pourquoi ne pas avoir opté pour le camping-car ? « Ce sont des véhicules trop imposants, qui ne peuvent pas aller partout, répond Sophie Jarry. Certains parkings, notamment dans des zones naturelles, sont limités à 2 mètres de hauteur, voire interdits aux camping-cars. Le stationnement des vans, lui, est soumis aux mêmes contraintes que celui des voitures. Le van est également plus discret, d’autant que nous aimons les petits coins de nature où trouver un peu de solitude, loin des campings ou des parkings pour camping-cars. »

 

Partager des choses simples, toujours proche de la nature

Augustin Boyer, cofondateur de l’entreprise WeVan, chez qui la famille Jarry a ses habitudes, explique : « Nos clients sont en majorité des citadins, néophytes du voyage en itinérance. Le van est une expérience accessible, car il y a quand même un certain confort, des lits, une cuisine, un frigo, une douche extérieure… Ce qui leur importe, ce sont les paysages qu’ils vont découvrir, les activités auxquelles ils vont pouvoir s’adonner grâce à ce type de véhicule. Le van est un moyen de vivre des aventures, pas une fin en soi. » Pendant que les Jarry transfèrent leurs bagages vers la voiture, Regis Rodas, loueur de WeVan à Perpignan, complète : « Chacun vit sa petite ou sa grande aventure. Nos clients sont des personnes qui veulent échapper au tourisme de masse, partager des choses simples, en famille, dans la nature, loin des endroits trop fréquentés. Mais ils ont souvent besoin de deux à trois jours d’acclimatation pour s’habituer à l’itinérance : trouver un endroit où dormir chaque soir est un art qui demande de l’expérience et du temps. Les locataires de ces véhicules s’inquiètent aussi de savoir comment faire sans douche ni toilettes. Nous leur fournissons des WC en carton biodégradable. Finalement, peu les utilisent. » En voyageant en van, les modestes aventuriers réalisent qu’ils n’ont pas besoin de tant de choses pour apprécier le trajet confortablement. Johan Gaspard peut également en témoigner.

©Simon Pouyet

En coupant quelques légumes crus pour son repas du soir, il raconte comment, après cinq années de roadtrip, il a réduit ses possessions à l’essentiel : « Pas besoin d’une grande cuisinière. En van, je mange moins, plus simplement et ne cuisine pas tout le temps. » Pour son week-end entre amis dans les Hautes-Pyrénées, après plusieurs semaines passées aux Canaries, Johan Gaspard s’est trouvé un coin de verdure loin des habitations, près duquel coule un cours d’eau. Un « spot idéal ». « J’ai une douche solaire, mais je ne m’en sers plus, explique-t-il. Je n’ai jamais besoin de 20 litres pour me laver et ça me fait mal au cœur de gaspiller, d’autant qu’en voyage, je trouve toujours une douche de plage, un cours d’eau ou un lac. Je me contente de beaucoup moins quand je roule en van. » Le célibataire de 32 ans a donc bricolé progressivement l’aménagement de son Renault Trafic pour l’adapter à ses modestes besoins : « de quoi se brosser les dents, s’habiller, manger et faire du sport. » Ce qui se traduit concrètement par une table et une banquette se transformant en lit, une gazinière, deux bidons de 10 litres d’eau, des armoires de rangement et une planche de surf accrochée au plafond.

 

Le voyage importe plus que la destination

Johan Gaspard a découvert une certaine sobriété, qui l’empêche aujourd’hui de profiter du tourisme de masse : « Mes journées ne sont plus rythmées par les repas mais par les activités que j’ai envie de faire. Je vis davantage dehors, je fais plus de rencontres… Je laisse aussi l’imprévu me guider. » L’imprévu, Jimmy Barthelay en connaît un rayon, lui qui ne part jamais sans sa caisse à outils. Depuis dix ans, il rénove des vans de collection et sillonne les routes avec son authentique Combi Volkswagen, de la vieille mécanique qu’il faut parfois réparer sur le tas : « C’est ça, l’authentique aventure ! » s’amuse-t-il. À 28 ans, il s’est établi en Auvergne, avec sa compagne, Ninon Imbert : « Nous prenons les petites routes et nous arrêtons là où nous avons envie, expliquent-ils. Nous profitons des paysages, nous roulons plus doucement… Le voyage fait partie de l’aventure. Nous nous fixons une destination mais ce n’est pas le but qui est important. Si nous n’y arrivons pas, ce n’est pas grave, nous aurons profité du chemin.

 

©Simon Pouyet

Pour nous, c’est la liberté de ne pas avoir à anticiper, à organiser. Nous pouvons poser notre cerveau et juste profiter. » Ce n’est pas Johan Gaspard qui dira le contraire, lui qui envisage même de vivre, à l’année, dans son van : « Je ne suis pas quelqu’un qui aime planifier sa vie, et le voyage en van permet justement de se laisser porter au gré des découvertes et des rencontres. J’aime le côté itinérant, sans avoir de plan, la vie au jour le jour. » Le trentenaire se souvient d’une rencontre aux Canaries. Une randonneuse fatiguée croisée dans un café à qui il propose d’aller à la plage pour se reposer. Ils passeront finalement trois jours ensemble à faire la fête et à randonner : « C’est ça, la liberté des voyages en van. Je fais toujours ce dont j’ai envie au moment où j’en ai envie, et je vis chaque instant en pleine conscience. Voyager en van a changé ma vision de la vie, m’a amené à être plus sobre, à me laisser surprendre, à profiter. » Tous conçoivent que ce n’est pas le mode de transport le plus écologique qui soit, car il consomme du carburant, mais chacun a découvert, grâce au van, un mode de vie différent. Sophie, comme Johan, Jimmy et Ninon, se sont interrogés sur leur consommation, sur leur impact environnemental, sur leur habitat… « En attendant de passer à d’autres aventures, envisage Johan Gaspard, comme les voyages à vélo ou à pied ?


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