Habitat et Oasis

Oasis : « Un projet social et écologique devenu réalité »

Par Gabrielle Paoli, le 20 avril 2022

Plusieurs familles viennent expérimenter la vie dans cet habitat partagé en participant aux chantiers collectifs organisés tous les premiers samedis de chaque mois.

En 2019, un groupe d’amis dépose ses bagages et ses rêves dans une magnifique bâtisse bicentenaire entourée de bois, de prairies et d’un plan d’eau, située près de Toulouse. Ensemble, ils décident d’y créer un habitat participatif écologique et intergénérationnel en conservant son nom, La Matasse. Et y inventent une façon de cohabiter en prenant soin les uns des autres et en recherchant une harmonie avec la nature. Aujourd’hui, le collectif recherche de nouveaux foyers pour continuer à construire ce havre de paix…

S’élancer 

« J’aspirais depuis longtemps à créer un habitat partagé avec des amis proches, raconte Josie. Alors, lorsque mon fils et sa compagne m’ont exprimé leur intérêt pour notre projet, ma motivation a été décuplée ! D’autant que leur esprit d’avant-garde vers la transition énergétique et vers divers outils de gouvernance partagée m’enthousiasmait… Ainsi, tout naturellement, la dimension intergénérationnelle s’est mise en place… »

À la même époque, Nadine et Xavier ont eux aussi envie de se lancer. « Pour la première fois de notre vie, nous disposions d’un petit capital issu de la vente de notre maison, se souviennent-ils. Nous avons souhaité le mettre au service d’un projet social et écologique d’habitat partagé et de l’installation d’un jeune agriculteur… » 

Pendant un an et demi, les compagnons de route formulent leurs envies, appellent d’autres amis et recherchent un lieu. Fin mars 2019, un collectif enrichi d’autres personnes achète les 14 hectares de la Matasse et y installe leur résidence principale. Dominique et Marc aussi ont rejoint l’aventure dès le début. « On a tous les deux grandi et vécu en région parisienne mais nous voulions prendre le large, explique Dominique. La vente de la maison nous a donné des vertiges mais on ne regrette pas une seconde ! Nous souhaitions élargir notre champ social, ouvrir à la richesse de la diversité des personnes, au-delà des idéaux individuels et des clivages sociaux, et vivre la force de l’intergénérationnel…»

 

Grandir

Aujourd’hui, 5 personnes sont installées dans la maison principale composée de quatre appartements individuels. Parmi elles, Marc et Nadine travaillent encore à temps partiel à Paris. « Je fais la navette toutes les semaines entre la Matasse et la Défense, raconte Marc. C’est le grand écart mais ça ne va pas durer. Si j’ai rejoint la Matasse, c’est pour quitter Paris pour de bon. »

L’objectif est d’accueillir progressivement de nouvelles personnes pour atteindre 7 foyers en 2024. Le collectif entame pour cela les travaux de rénovation des bâtiments agricoles. Plusieurs familles ont déjà répondu à l’appel et sont venues expérimenter la vie sur place en participant aux chantiers collectifs organisés tous les premiers samedis de chaque mois. « Faire ensemble, être dans l’action, partager un repas, ça permet de se découvrir autrement ! » explique Nadine. Au programme de ces chantiers : ramassage de bois, débroussaillage, rénovation des volets, construction d’un petit hangar, création de toilettes sèches…

Le collectif a créé de bons liens avec les voisins, les élus locaux et les initiatives culturelles et sociales locales « Nous avons des liens cordiaux avec nos voisins, les élus… » précise Nadine. 

La forme juridique choisie, la SCI, permet la propriété et la gestion collectives du lieu. Pour la partie agricole, la raison d’être du projet étant en partie de faciliter l’installation d’un jeune maraîcher, un contrat de fermage a d’ores et déjà été signé avec un jeune maraîcher bio. Une association est en cours de création « pour ouvrir des collaborations et des partenariats sur des actions conformes à nos valeurs »  : entretien et développement de la biodiversité, gestion des zones humides, évolution vers une forêt nourricière… Josie souhaite par exemple développer de l’accueil de personnes en besoin de ressourcement – de jolies petites roulottes installées au bord de l’étang y seront consacrées…

Servir un lieu

« Une allée de tilleuls centenaires conduisent de la maison au portail, explique Josie en souriant. Et lorsqu’on le franchit, on aperçoit les Pyrénées au loin… » La Matasse, c’est une métairie toulousaine en briques, vieille d’au moins 200 ans, construite dans la tradition toulousaine et autour de laquelle s’étendent 14 hectares de prairies, de bois de chênes et d’eucalyptus, une zone humide à restaurer, un étang de 1 000m2, des terres agricoles cultivées par le maraîcher, un parc, un verger, un enclos pour l’âne, les daims et les poules. Et le long du terrain, coule un canal qui  alimente prodigieusement le terrain en eau.

« On est tous tombés littéralement amoureux du lieu, raconte Dominique. Il nous procure tant de joie, de paix, de beauté au quotidien… On se lève tous les matins avec l’envie d’en prendre soin et d’y développer encore plus d’habitats naturels pour les animaux.»

Etre plus fort

Pour Nadine, Xavier, Josie, Dominique et Marc, la vie en collectif est un apprentissage dont ils ont découvert les joies et les difficultés au fil du temps…

« À  70 ans , j’ai développé une grande adaptabilité ! s’enthousiasme Josie. J’ai appris à prendre des décisions en prenant les autres en compte. Je suis attentive à ce que chacun soit entendu et respecté… Si j’étais restée seule, j’aurais été moins stressée, certainement plus sereine ! Mais j’aurais aussi moins évolué et grandi en humanité… »

Le collectif se réunit une fois par semaine pour échanger de l’information, réfléchir autour de grands sujets, exprimer ses émotions et prendre des décisions grâce à la méthode du consentement. Frédéric Jozon, un Compagnon Oasis, a aidé le groupe au tout début à mettre en place ces processus. Le groupe a également choisi d’être accompagné régulièrement par une psychothérapeute, notamment pour l’aider à créer des espaces de parole libre.

« Vivre ensemble nous a tous bousculés au début. On a dû trouver nos marques, apprendre à vivre les uns à côté des autres… On progresse et puis, parfois, le naturel revient au galop… ! » expliquent Nadine et Dominique. Tous s’accordent pour dire que sur certains sujets, le collectif prend beaucoup de temps et d’énergie. Quand sur d’autres sujets, parfois plus compliqués, le groupe est un moteur formidable. « Rien n’a été plus simple que de s’accorder sur le choix d’un maraîcher par exemple ! se souvient Nadine. On devait s’engager sur des années avec une personne qu’on ne connaissait pas… et pourtant, on a tout de suite trouvé la bonne solution qui convenait à tout le monde. Quelle joie quand il y a de la fluidité, de l’intelligence collective et du commun, on se sent plus forts ! »

 


Un prêt de la Coopérative Oasis

La Coopérative Oasis accompagne celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre dans des écolieux collectifs : les oasis. Depuis août 2021, la Coopérative Oasis accompagne la Matasse. Elle lui a fait un prêt de 200 000 euros sur 10 ans, pour financer les travaux de rénovation du  bâti. Elle les soutient en parallèle sur leur structuration juridique et le recrutement de nouvelles familles.

Pour continuer ce travail de prêt et d’accompagnement d’oasis partout en France dans le besoin, nous cherchons plus d’investisseurs !

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Pour aller plus loin

Envie d’en savoir plus sur les habitats écologiques et partagés ? Retrouvez notre numéro spécial consacré aux Oasis, disponible ici.


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