Naviguer sur internet : guide des bonnes pratiques
Surfer écolo, est-ce possible ? Derrière la rapidité et la praticité d’Internet se cache une industrie polluante. Si la production des équipements pèse lourd dans le bilan carbone du numérique, Internet serait le sixième plus grand « pays » consommateur d’électricité selon une étude de Carenews. Heureusement, il existe des gestes simples que vous pouvez mettre en pratique dès à présent pour rendre votre navigation plus verte !

1. Le vide, tu feras
Chaque heure, entre 8 et 10 milliards de mails sont échangés dans le monde selon l’Ademe. Ces courriels dont regorgent nos messageries mobilisent l’énergie des serveurs en permanence, rien que pour être conservés. Le premier réflexe consiste donc à se retrousser les manches et à supprimer tous les messages superflus, surtout ceux avec de grosses pièces jointes. Imposez-vous une routine qui vous convient : par exemple, le 1er de chaque mois, sauvegardez sur votre disque dur les pièces jointes et les messages dont vous avez besoin, et supprimez les autres.
Les data centers et les serveurs, gouffres énergétiques
Les data centers sont de gigantesques lieux qui hébergent des milliers de serveurs par lesquels transitent toutes les données Internet : chaque envoi de courriel, chaque visionnage de vidéos, chaque requête tapée dans un moteur de recherche sollicite les serveurs. Du fait de leur activité constante, les data centers consomment énormément d’électricité. Ils nécessitent notamment une température ambiante maintenue à 20 °C en permanence. A titre de comparaison, un data center et 30 000 habitants en Europe ont la même consommation d’énergie.
2. Des newsletters, tu te désabonneras
Prenez le réflexe de vous désabonner des lettres d’information électroniques qui ne vous intéressent pas. Cela constituera un premier tri dans votre messagerie en ligne.
3. Une messagerie durable, tu utiliseras
Comme Newmanity, qui respecte votre vie privée (vos données ne sont ni analysées ni collectées à des fins commerciales, comme c’est le cas dans la plupart des messageries classiques) et l’environnement, en passant par des data centers alimentés en électricité produite avec des énergies renouvelables.

4. Les champs CC et CCI, tu limiteras
Avant de mettre toute l’équipe en copie, demandez-vous si cela est vraiment nécessaire et si certaines informations ne peuvent pas être données oralement, car chaque destinataire ajouté représente du CO2 supplémentaire émis.
5. Sobrement, tu signeras
Évitez d’utiliser une signature de courriel qui comporte une image ou une pièce jointe.
6. Pour un moteur de recherche responsable, tu opteras
Il existe plusieurs moteurs de recherche qui utilisent les revenus générés par la publicité pour rendre le monde plus vert. En choisissant par exemple d’installer l’extension du métamoteur français Lilo sur votre navigateur, vous transformez chaque recherche en micro-don destiné à des associations ou des entreprises solidaires. Quant à Ecosia, il reverse 80 % de ses revenus à un programme de plantation d’arbres au Brésil. Dans le même principe, le moteur de recherche associatif Ecogine redistribue ses revenus publicitaires à des associations à but environnemental, sélectionnées par les internautes. Il existe également Qwant, un moteur de recherche européen hébergé et conçu en France, réputé pour la protection de la liberté et de la vie privée de ses utilisateurs (plus éthique qu’écologique).
7. De moteur de recherche, tu te passeras
Se passer de moteur de recherche évite de solliciter les serveurs qui les hébergent. On divise par 4 les émissions de gaz à effet de serre en allant directement à l’adresse du site. Ayez donc des favoris bien organisés en dossiers et sous-dossiers afin d’accéder directement aux pages que vous visitez quotidiennement (la page météo et www.kaizen-magazine.com, par exemple). Vous pouvez également taper directement l’URL du site, si vous la connaissez, dans la barre d’adresse.
Internet en quelques chiffres
– Le réseau Internet consomme chaque année l’équivalent de l’énergie produite par 40 centrales nucléaires.
– Les vidéos en ligne représentent 60 % du flux mondial de données et sont responsables de près de 1 % des émissions mondiales de CO2.
– Les quelque 500 millions de tweets envoyés chaque jour génèrent 10 tonnes de CO2, soit environ ce qu’émet un Français pour se chauffer, se déplacer, s’équiper et manger chaque année.
–15 000 km, c’est la distance moyenne parcourue par une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, requête web…)
8. La pub, tu stopperas
Comme n’importe quel contenu sur la toile, pour s’afficher, la publicité – surtout vidéo – consomme de l’énergie à travers les serveurs. Vous pouvez utiliser un bloqueur de publicités – par exemple Adblock, Ghostery, et Ublok Origin – pour éviter ces contenus énergivores qui polluent aussi l’esprit. Mais ces extensions ne réduisent pas la bande passante consommée et mobilisent beaucoup de ressources (mémoire vive, puissance processeur, etc.). Il est encore préférable selon Green IT d’utiliser la technique des fichiers hosts, qui permettent de lister les adresses indésirables pour bloquer leur accès. Cette méthode s’adresse davantage aux connaisseurs en informatique, mais elle est expliquée par de nombreux sites.
9. Une clef USB, tu utiliseras
Vous avez des documents, des images ou des vidéos à partager avec un ou une collègue ? Plutôt que d’envoyer un lourd courriel, favorisez le contact humain et aller le lui porter en main propre sur une clef USB. Si la personne n’est pas présente physiquement, privilégiez l’envoi de pièces jointes par des services tel Wetransfer ou Framadrop (solution libre non gérée par une entreprise), qui ne conserve les données que quelques jours sur les serveurs avant de les supprimer. Pour rappel, un email accompagné d’une pièce jointe de 1 Mo génère 19 g de CO2.

10. Les données stockées en ligne, tu limiteras
Si l’utilisation d’un « cloud », un « nuage de données » qui permet de conserver en ligne photos, vidéos, fichiers divers, s’avère très pratique pour partager les documents en entreprise, pensez à y faire le tri régulièrement. Car chaque fichier présent, pour être rendu disponible à tout moment, entraîne une sollicitation permanente des serveurs.
11. Le streaming, tu diminueras
Le streaming génère chaque année plus de plus de 300 millions de tonnes de CO2 par an. Limiter l’usage de la vidéo en ligne est donc le premier geste à mettre en place pour limiter son empreinte carbone. Mais pour les aficionados de Netflix, il est possible d’adopter quelques pratiques pour réduire cette pollution. Tout d’abord, il est préférable de diminuer la résolution de l’image : 480p pour les téléphones et les tablettes et 720p pour les écrans d’ordinateur par exemple. Aussi, il faut privilégier le téléchargement au streaming. De nombreuses plateformes proposent désormais de télécharger leurs contenus afin que les abonnés puissent voir ces vidéos hors connexion sur leur application. Or ce système permet d’alléger la bande passante et de réduire alors la consommation d’énergie des serveurs et de votre ordinateur, selon l’Ademe. N’oubliez pas de supprimer les fichiers téléchargés une fois qu’ils ont été visionnés.
12. Une police écolo, tu utiliseras
Enfin voici une astuce qui dépasse le cadre de l’utilisation d’Internet : si vous avez vraiment besoin d’imprimer un document, passez-le en police Century Gothic ou Garamond, qui utilisent moins d’encre que toutes les autres.
Pensez également à transposer ces astuces sur votre tablette et votre smartphone.
13. Les petits écrans, tu privilégieras
Pour naviguer sur Internet, certains équipements sont moins gourmands en énergie que d’autres. A titre de comparaison, le smartphone consomme de 2 à 7 kWh par an, contre 5 à 15 kWh pour une tablette, et 120 à 250 kWh pour l’ordinateur fixe.
14. A la Wifi, tu te brancheras
Selon une récente étude de l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) de 2019, la consommation d’électricité du réseau 4G est 10 fois supérieure à celle de la fibre optique, et dans une moindre mesure, à celle de l’ADSL. Ainsi l’empreinte carbone est moindre lorsque l’on navigue sur internet, et que l’on visionne par exemple des vidéos, via la Wifi, plutôt que sur les réseaux 4G ou 5G.
Par Diane Routex
Mis à jour le 31/01/2022
Pour aller plus loin :
Pour tout savoir sur l’empreinte écologique d’Internet et les bonnes pratiques à adopter, consultez le site du projet universitaire Backbone, le site Green IT et l‘étude de l’Ademe, La face cachée du numérique, publiée en 2019.
Voir aussi notre numéro spécial, consacré au Numérique responsable.
Lire aussi : Comment réduire son empreinte carbone ?
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