Chronique de Pascal Greboval

Macron un mauvais plan, pour l'écologie ?

Par Pascal Greboval, le 14 juin 2022

soleil

Quelles sont les prévisions météos, écolo pour les mois à venir ? 

Deux mois après la réélection d’Emmanuel Macron et après le premier tour des élections législatives voici notre bulletin.

Elève Macron, votre manque de travail sur la question écologique nous fait hésiter à vous conserver dans l’établissement, votre premier mois est poussif. Vous allez devoir redoubler d’efforts, ou vous serez exclu ! Pourtant, le 16 avril vous déclariez entre les deux tours de l’élection présidentielle « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas « 

D’abord les faits.

Le 1er mai dernier, les aides à la rénovation ont diminué. Les CEE, certificats d’économie d’énergie, ces primes pour l’isolation énergétique, ont perdu entre 20 et 30%.  A l’heure où les prix du gaz et de l’électricité augmentent, la rénovation des 4.8 millions de passoires thermiques, soit une habitation sur quatre en France, est une priorité absolue. Elle permettrait d’améliorer la qualité de vie des résidents et réduire les émissions de GES. D’autant que ces aides génèrent de l’emploi immédiatement.

Le 3 mai, le Parlement européen a rejeté l’interdiction de la pêche au chalut dans les aires maritimes protégées, après le dépôt d’un amendement d’un député LREM ; Pierre Karleskind.  « C’est un véritable désastre pour le climat et la biodiversité», a résumé Claire Nouvian présidente de la fondation Bloom.

Le 28 avril, la cour administrative d’appel de Paris a validé la reprise des travaux, de la ligne ferroviaire express entre Paris et l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle alors que le tribunal administratif de Montreuil avait jugé que le projet n’était pas « une infrastructure indispensable » . Appelé « train des riches », ce projet soutenu par Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ne permettra pas de « désengorger » la ligne existante. De plus ces travaux seront menés dans des zones où se trouvent des espèces protégées ; des oiseaux, des grenouilles et le lézard des murailles.

Enfin un peu technique, le gouvernement français joue un rôle obscur dans la prolongation probable du Traité sur la Charte de l’Energie (TCE)  jusqu’en 2040.  Ce traité a pour intérêt de garantir la protection des investissements étrangers dans les énergies fossiles, en particulier le gaz. Il est donc incompatible avec l’Accord de Paris.  Yamina Saheb, co-autrice du rapport GIEC, détaille avec précision les enjeux de ce dossier complexe.

Ensuite les mots.

Agnès Pannier-Runacher prône « l’écologie des solutions », (espérons qu’elle soit abonnée à Kaizen), mais tance les Français qui « envoient des mails rigolos avec une PJ ». Ce n’est vraiment pas comprendre de la question du numérique responsable. La pollution liée au numérique se situe  en aval, à la production. C’est la fabrication de terminaux qu’il faut réduire. Ce que Frédéric Bordage Animateur de Green IT, résume clairement  « ce n’est pas en triant nos mails qu’on changera quoi que ce soit ».

Pour Amélie de Montchalin  « Ecologie et pouvoir d’achat c’est le même combat » et  Elisabeth Borne d’enfoncer le clou : « Nous ne ferons pas l’écologie contre l’économie »

Non ! écologie et pouvoir d’achat ce n’est pas en même temps !

C’est parce que nous achetons, consommons trop que l’environnement, la biodiversité se dégradent. Le gouvernement confond le pouvoir d’achat et le bien vivre, cher à Patrick Viveret.  Homo sapiens n’est pas né avec une carte bleue dans sa peau de mammouth. Nous avons plus besoin de jours heureux que d’accumuler des  cartes de fidélité de supermarchés.

Certes on peut changer, les membres du gouvernement peuvent avoir une épiphanie. Mais quand on sait comment il est difficile de changer, on peut se poser des questions ! D’ailleurs pourquoi avoir nommé des ministres avec une culture, une appétence de l’écologie aussi faible ! Ni  Amélie de Montchalin, ni Agnès Pannier-Runacher n’ont montré un goût prononcé pour défendre la planète avant d’être nommées ministres en charge de la question écologique. L’association Agir pour l’environnement a classé Amélie de Montchalin 594è dans son classement Parlemeterre en fonction de ses votes en faveur de l’écologie depuis 2017. N’est-ce pas le fruit de leur parcours ? Elles ont été formatées pour le contraire. Toutes les deux sont passées dans les fourches du formatage HEC. Or comme l’exprime très bien cette étudiante lors de sa remise de diplôme le 13 juin : « Après quelques mois d’insouciance à HEC, j’ai ressenti un profond malaise en prenant conscience que les métiers vers lesquels menaient mes études étaient la principale cause de cet effondrement environnemental ». Et de conclure « il faut change les règles »

Bien sûr on peut dévier de la trajectoire. Mais pour l’instant la trajectoire on la connait, elle nous emmène au-dessus d’une augmentation de + 2 degrés. La canicule de cette semaine n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend ! La règle M. Macron voudrait qu’on vous exclût. Les électeurs en ont décidé autrement. Ils vous ont laissé à l’Elysée. Très bien. Je souhaite qu’ils vous envoient des députés plus sensibles à la protection de la planète pour vous remettre dans le droit chemin.


© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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