Le miscanthus, une plante pour remplacer le plastique ?
Originaire de l’Asie du Sud-Ouest, le miscanthus est une graminée pérenne à rhizomes dont la durée de vie varie entre 15 et 20 ans. La plante non-invasive a fait son apparition dans les campagnes françaises depuis près de 12 ans. Utilisé comme combustible, litière ou paillage avec succès, le miscanthus pourrait probablement remplacer le pétrole dans la production de plastique. C’est du moins le pari d’entrepreneurs et d’agriculteurs en Seine et Marne.
Remplacer l’hydrocarbure du plastique par…. le miscanthus ? Face à la hausse du prix du pétrole et à son impact sur l’environnement, un plastique 100% végétal semble prometteur et pourrait susciter l’intérêt de nombreux secteurs industriels. L’idée qui vient d’être brevetée, est actuellement conçue par Polybiom, une filière commerciale française de nouveaux agro-bio matériaux.
Le miscanthus est une plante à graminée qui peut atteindre les quatre mètres de hauteur. 20 espèces existent, mais le miscanthus x giganteus, un hybride interspécifique, est la seule cultivée en France. stérile et non invasive, elle ne nécessite ni engrais ni pesticides ni même d’arrosage. Sa multiplication est végétative et ne passe pas par la graine, mais pas son organe souterrain : le rhizome. Ce dernier recycle les éléments minéraux nécessaire à la croissance de la plante. Elle est récoltée à partir de la deuxième année, en hiver quand sa canne est sèche. La première forme d’utilisation des copeaux de la tige est destinée à la chaufferie, à la litière ou au paillage pour les animaux.
Une filière plastique biodégradable et locale
Afin d’être transformé en matière base 100 % biodégradable, le miscanthus va subir trois étapes. Tout d’abord, la tige va être micronisée : la paille réduite en bouillie va être plongée dans un bain d’eau pour produire une décantation du produit actif pendant quelques heures. Puis l’extrait de miscanthus va subir une première filtration avant la polymérisation : la matière va subir des chocs thermiques à travers une chaîne de micro-ondes de tailles industriels. Enfin, la pâte qui en ressort va être mélangée avec de la gélatine de porc ou de bœuf achetée aux abattoirs. « On se retrouve avec une matière à base d’eau, de plante et d’animal : 100 % naturel ! Une gélatine autre qu’animal n’aurait aucun intérêt puisque des adjuvants compris dedans élimineraient le taux de biodégradabilité », explique Olivier Suty, directeur général de la société d’économie mixte Moret Seine & Loing (MSL), membre de la société Polybiom.
« Au-delà de l’absence de pétrole, pour que l’article soit au mieux biosourcé et biodégradable, aucun additif ne doit être ajouté pendant la phase de production », précise le directeur au CNRS Polymères et Composites BIO-sourcés, Patrick Navard.
L’entreprise MSL produit 6 à 8 tonnes par mois de miscanthus qu’elle vend sous la forme de pâte à une entreprise qui en élaborera un produit fini. La première entreprise cliente devrait débuter sa commercialisation début 2020. Gobelets, tissus, nappes, présentoirs et mobilier, visant à remplacer le bois ou le plastique ou le métal, seront vendus en Belgique, en Allemagne et au Canada. Le miscanthus comparé au maïs n’est pas coté sur le marché et sa culture ne nécessite pas autant d’intrant