Le bio est-il moins productif ?
Le bio est-il vraiment moins productif que le conventionnel ? L’argument est bien rodé et passablement ancré dans l’esprit de tout un chacun. Si nous ne passons pas massivement à l’agriculture biologique en France et dans le monde, c’est parce qu’« on ne pourrait pas nourrir la planète ».
Depuis quelques années, études, contre-études, proclamations et démentis se succèdent. À tel point qu’il devient difficile de se faire une idée claire et de soutenir une position. Au-delà des chapelles et des idéologies, regardons concrètement ce qu’il en est.
Le bio, 25 % moins productif
Les derniers travaux officiels, et certainement les plus communément admis sur la question, ont été publiés par la revue Nature en 2012. Ils s’appuient sur les résultats de soixante-six études. Les chercheurs américains et canadiens y ont mené 316 comparaisons entre bio et conventionnel sur trente-quatre espèces. La synthèse de ces travaux montre qu’en moyenne, les rendements de l’AB sont 25 % inférieurs à l’hectare. Avec une grande disparité selon les cultures : si les fruits n’ont un rendement inférieur que de 3 % et les légumineuses de 8 %, les légumes et le blé culminent à 33 et 40 %. D’autres études en Europe et aux États-Unis (comme celle de l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique en Suisse qui a duré vingt-et-un ans) s’accordent sur un rendement global de -20 %.
L’étude de Nature conclut donc qu’il sera impossible de nourrir l’ensemble de la planète avec l’agriculture biologique sans augmenter les surfaces cultivées. L’affaire semble entendue. Mais est-ce réellement si simple ?
Productif dans quelles conditions ?
Si les rendements peuvent être froidement quantifiés et lissés dans des moyennes, ils sont réalisés dans des conditions qui sont loin d’être uniformes sur la planète. Et en fonction du contexte, les résultats peuvent être très différents.
Ainsi, dans un rapport présenté devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 8 mars 2011, Olivier de Schütter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation expliquait : « Les preuves scientifiques actuelles démontrent que les méthodes agroécologiques sont plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim. À ce jour, les projets agroécologiques menés dans 57 pays en développement