Éducation

La Bidouillerie, les jolies colonies éco-citoyennes 



Liberté, démocratie, autonomie : telle pourrait être la devise de La Bidouillerie. Lancé en 2013 sur l’ensemble de l’hexagone, ce centre de vacances créé par trois jeunes animateurs accueille chaque année en moyenne 300 enfants de 7 à 18 ans. Le principe : voter pour chaque activité.

© Marion Jerid

Mêlant nature et démocratie, le centre de vacances La Bidouillerie, lauréate du prix de l’économie sociale et solidaire 2016, innove en proposant des séjours éco-responsables. Pour Yoann Geny, Thomas Cadith, Richemond Gastrin, Hélène Hamon, Antoine Puaud et Élodie Foulgoc, les six fondateurs, l’idée était de « créer le séjour de [leurs] rêves ». Ils rêvaient de prix accessibles entre 20 et 30 % moins cher qu’un centre de vacances classique [dont le coût moyen est de 500 euros pour un séjour d’une semaine], de repas bio, d’un adulte pour quatre enfants, de démocratie et d’autonomie pour les enfants. Autre principe : privilégier le lien avec la nature.  Ils relèvent le défi en 2013. Le premier centre de vacances de La Bidouillerie s’ouvre sur un terrain d’aventure à Belle île en mer, au cœur de la nature. « Dès le départ, nous avons décidé de ne pas faire de séjour en école ou en internat, mais uniquement dans des espaces protégés en tentes ou en gîte pour les plus jeunes » raconte Yoann.

Espaces protégés, repas bio et nombreux encadrants, mais comment s’offrir un séjour de qualité à prix réduits ? À la différence des centres de vacances classique, aucune activité de consommation n’est proposée. Les enfants ne font ni de poney, ni de karting. D’autre part, certaines mairies s’engagent et baissent les tarifs de location de leurs espaces protégés. « La municipalité de Captieux (Gironde), très engagée sur des projets éco-responsables comme le nôtre, nous a proposé gratuitement un terrain sur lequel nous avons réaménagé une bâtisse » explique Yoann.

Prendre le temps d’être en vacances

C’est par un réveil naturel que débute chaque matinée. Les enfants sont libres de prendre leur petit-déjeuner en autonomie. Pour se reposer ou bien pour lire, un tipi est installé avec des coussins et des huiles de massage. À 10 heures, ceux qui le souhaitent, assistent à la présentation de la journée, organisée ensemble la veille lors du forum quotidien.

Pas de planning à l’avance, les enfants organisent toutes les journées au cours d’un forum © Didier Puaud

Discussions et mains levées : le temps du forum rythme le séjour tous les soirs à 18 heures. Les enfants deviennent acteurs de leurs vacances. Prises de parole et compromis se mêlent pour déterminer les activités. Comment ? Par l’écoute et le dialogue. Libres de choisir le type d’activités, les enfants apprennent à coopérer et à communiquer. L’occasion de développer une plus grande autonomie grâce aux choix et aux décisions prises collectivement. Dès les premiers jours, une chasse aux « envies de faire » est lancée. Adultes et enfants écrivent les propositions d’activités sur un morceau de papier qu’ils iront ensuite déposer sur le fil des envies – un fil où les enfants accrochent avec une pince à linge, leurs idées. Au moment du forum, l’assemblée de délibération des activités du lendemain, les idées sont décrochées et mises à l’ordre du jour. Pas de planning figé, chacun vote pour l’activité qu’il préfère.

Un été, un enfant propose « je veux faire de la voile ». Yoann raconte que « d’autres enfants voulaient faire des petits bateaux à l’atelier bois. Nous avons commencé par en discuter tous ensemble. L’idée était de s’écouter et d’arriver à un compromis. Nous avons finalement décidé de fusionner les deux groupes. L’activité s’est transformée en « construire un radeau ». À un moment, celui-ci s’est mis a flotté. Les enfants ont ajouté un mas puis une voile. Et finalement, ils ont compris comment faire flotter un bateau ». En partant d’une « envie de faire » est née une activité collective, maritime et manuelle.

la bidouillerie
Tout au long du séjour, les enfants participent à beaucoup d’activités, développent la sociabilité et découvrent de nouveaux lieux © Didier Puaud

Préparer les repas se fait également de façon collective. Tous les trois jours, une commission « menu » se réunit. Les enfants volontaires proposent un repas, puis, à l’aide de gommettes, ils évaluent l’équilibre alimentaire. Ensemble, ils mettent en commun les aliments pour façonner un menu équilibré, toujours bio et local. Après le repas, un nouveau temps d’activité a lieu : la veillée. Souvent les enfants créent des jeux. D’autres ont par exemple, créés un restaurant. Partis à la rencontre des producteurs, ils ont récupéré des légumes, des produits et préparé les menus.

Les vacanciers construisent leur séjour selon leurs envies. Libres à eux de se reposer, se balader, de préparer une activité ou de bricoler. D’où l’installation d’un atelier bois. Pour utiliser librement les outils de l’atelier, ils peuvent passer le « permis à outils ». Un adulte vérifie si l’enfant sait correctement l’utiliser et le forme sur les précautions à prendre pour assurer sa sécurité.

Quant aux règles de vie commune – repas, vaisselle, ménage – elles sont établies dès le début du séjour en assemblée constituante dans un règlement qui évolue au fil des besoins et des situations. Enfants et adultes décident donc des règles qu’ils choisissent de s’imposer.

Dans la dynamique de ces principes de collégialité, l’association créée en 2013 est gérée par neuf co-présidents, tous juridiquement responsables. « Nous voulions sortir du schéma d’un président unique amené à tout contrôler avec des membres se reposant parfois sur cette personne » explique Yoann. Autre particularité : les 300 membres sont tous militants – ils défendent les mêmes valeurs que celles de l’association. La Bidouillerie s’appuie sur une petite structure salariée et une large majorité de militants, des bénévoles investis, qui apportent du renfort, que ce soit sur la page web ou pour l’organisation des vacances. Qu’ils peuvent suivre de l’intérieur avec le blog alimenté par les enfants et les animateurs régulièrement.

L’association propose trois types de séjours d’une semaine à dix jours pour environ 350 euros. De six à quatorze ans, les enfants peuvent partir à Belle-Île-en-Mer, au parc naturel des Landes de Gascogne dans le sud-ouest, ou bien dans les côtes d’Armor. Les ados ont la possibilité de s’évader en colonie itinérante pendant deux semaines. En partenariat avec l’association La petite reine – dont l’activité est le recyclage de vélos, les jeunes préparent leur vélo à partir de pièces de récupération et décident ensemble pendant quatre jours de l’itinéraire. L’objectif : apprendre tout en s’amusant.

 

Jessica Robineau

© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

 


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Le 21 juillet 2016
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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Julie le 03/09/2016 à 22:18

Une chouette initiative !

En lozère un projet semblable sur 12 jours avec 20 enfants 5 animateurs avait été monté avec un Foyer Rural.
Annulation à un mois du séjour pour cause : 4 enfants seulement inscrits.

Si vous avez des clé et des lieux pour communiquer sur des séjours sans programmes , plus complexe à vendre que les gros séjours avec un d'énorme plan communication.. Je suis preneuse car c'été aussi pour moi la colo de mes rêves.

Merci