Jardin debout : la place de la République adopte l’agriculture urbaine
Place de la République, à Paris, un jardin partagé a vu le jour dimanche 41 mars – 10 avril dans le calendrier civil. Son nom : le Jardin debout. Les participants, tous plutôt jeunes, appellent à un retour à la terre au cœur des villes. Économique et accessible, le jardin s’ouvre aux citadins.

Dimanche 10 avril, le mouvement Nuit debout entame sa onzième journée sous un soleil presque estival place de la République. Des milliers de personnes discutent et se baladent au fil des stands avec un nouveau modèle de société en tête. Non loin de la bibliothèque partagée et de la commission musique, le jardin citoyen se construit sur un air engagé. « République endormie, citoyen éveillé, je veux vivre ma vie debout », chantent les occupants du stand de composition.
L’opération Jardin debout s’est montée en deux jours seulement. Les bacs ont été récupérés auprès d’un poissonnier et les participants ont apporté des graines, des fleurs et de la terre. « À la base, l’idée était de faire un seul événement de grande envergure et, finalement, nous allons organiser des petits événements pour sensibiliser sur des thèmes plus précis. Aujourd’hui, c’est le jardin partagé », explique Bastien.
Présent dès l’émergence du mouvement Nuit debout, ce jeune occupant a vu naître la commission climat-écologie le jeudi 7 avril. Composée d’une vingtaine de personnes au début, elle en compte désormais presque soixante. Les participants sont biologistes, climatologues, permaculteurs ou simples amateurs d’écologie. « Le but de la commission climat est de mettre en place des actions positives, de créer des choses. C’est bien de lutter, mais nous pouvons aussi montrer l’exemple en faisant des actions concrètes », se félicite Bastien.
Fleurir une place trop grise
Le jardin citoyen fleurit au fil des heures. Que ce soient les enfants ou les adultes, chacun plante quelques fleurs ou bien des graines dans le jardin suspendu. Des bouteilles découpées, quelques poignées de terre, et un véritable mur végétal voit le jour. Peu après, un fleuriste passe sans prévenir et dépose des dizaines de roses. Le temps de les rassembler, un atelier de composition florale est déjà lancé.
Derrière les bacs de fleurs, Patrick et Madeline, spécialistes en agroécologie, installent un compost en lasagne: « Il s’agit d’assembler de fines couches de matière végétale pour créer de la terre, même sur du béton. Ces différentes couches laissent entrer l’air et commencent à fermenter. En 30 minutes, c’est fait et ça ne coûte rien. On peut y semer directement. » Ici, les enfants plantent des graines de courge, d’autres creusent dans la butte en lasagne et y plantent d’autres graines.
Des dizaines de personnes circulent dans ce jardin éphémère, bientôt noir de monde. En milieu d’après-midi, se frayer un chemin sur ces quelque trente mètres carrés devient compliqué. Peu après, les palettes servant à soutenir les plantes sont écartées pour laisser la place au rassemblement. Entourés de bacs de terre, les membres de la commission et les nouveaux venus s’installent.
Semer des projets concrets
16 h 30, la réunion commence. Des groupes se forment, tous ont des idées pour rendre le mouvement un peu plus vert : recycler les déchets, apporter davantage de fruits et légumes à la cantine du mouvement ou encore informer sur les basses technologies.
Trois jours après sa création, la commission climat-écologie pense aux prochaines actions. « Ce que l’on veut, c’est regrouper les idées et en faire des projets concrets. Avec l’exemple du jardin partagé, on voit que tout est faisable rapidement. Il s’agit d’être créatif, que chacun apporte quelque chose », assure David, le jeune homme qui anime aujourd’hui l’assemblée.
Dans les prochains jours, un manifeste doit émerger. L’occasion de rappeler que « la protection de l’environnement fait partie du changement de société que nous voulons tous », conclut Bastien. Lundi 11 avril au matin, le Jardin debout disparaissait sous les pelleteuses de la ville, mais l’idée d’avancer, ensemble, vers une agriculture urbaine a germé.

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Jessica Robineau
© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas
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