Mobilité

Des lignes de covoiturages gratuits pour les trajets du quotidien

Par Marie Thomazic, le 31 mai 2021

©Ecov

En France, trois quarts des déplacements en voiture se font seuls et les routes se font de plus en plus embouteillées. Si le covoiturage de longue distance est chose commune en France, il est plus difficile de trouver des solutions pour les petits trajets du quotidien. L’opérateur de transport Ecov en propose une : la création de lignes de covoiturage, à la manière des lignes de bus.

Vous les avez peut-être aperçues près de chez vous : les arrêts de covoiturages Ecov bordent quelques routes de France métropolitaine. En Île-de-France, en Bretagne ou encore en Auverge-Rhone-Alpes, une quinzaine de territoires peuvent profiter de cette nouvelle manière de covoiturer. Fondée en 2014 par Thomas Matagne, cette start-up a un objectif simple : reconstruire des lignes de transport en utilisant les sièges vides des particuliers. En moyenne, le taux d’occupation des véhicules est d’environ 1,3 personne sur les trajets journaliers. Entre les embouteillages des villes et les zones rurales non desservies, le maillage du territoire et la régulation des accès aux métropoles est un réel enjeu social, économique et écologique.

 

Gratuit et sans contraintes

Une version moderne de l’autostop ? « Ce que nous voulions proposer aux gens, c’est de partager des trajets sans contraintes », explique Thomas Matagne. L’idée d’un rendez-vous et d’une commission, comme le proposent les plateformes traditionnelles de covoiturages, peut contraindre et décourager les usagers lorsqu’il s’agit de courts trajets. Le principe de ces covoiturages est de pouvoir les proposer en temps réel.

Concrètement, le passager se rend à un arrêt Ecov et fait sa demande en direct par l’application, par un parcours sms ou par l’assistance téléphonique. Cette demande est diffusée auprès des conducteurs de deux manières : via l’application ou tout simplement, grâce au panneau lumineux au bord de la route, signalant le voyageur en attente. « Une fois à bord, le passager partage un code au conducteur permettant de faire la mise en relation, le partage de frais (sur certains territoires, le passager paie l’équivalent d’un ticket de bus via l’application, ndlr) et d’assurer la sécurité », précise Thomas.

Côté conducteur, une indemnité est possible de l’ordre de 10 centimes par kilomètre partagé (soit entre 1 et 3 euros par trajet en moyenne). Un autre système existe : en se géolocalisant, le conducteur peut s’engager à passer sur toute la ligne de covoiturage lors de son trajet. C’est ce que l’entreprise appelle « l’indemnité au siège libre offert » afin d’inciter les usagers. Le conducteur reçoit alors 1€ même s’il ne croise aucun voyageur. « Lorsque des lignes de bus sont créées, elles tournent à vide pendant un an voire plus avant d’être amorties, ajoute Thomas. Ici, il s’agit du même principe pour encourager le développement du système ! »

 

Service public partagé

L’objectif d’Ecov est d’intervenir sur les liaisons peu ou mal assurées par les transports collectifs dans les communes périphériques (comme à Rennes) ou pour lier ses communes à une métropole (ligne Bourgoin-Jallieu à Lyon) ou encore sur les lignes plus rurales permettant de faire des liaisons plus courtes (c’est le cas autour de Chambéry). Les besoins et les flux de circulation sont étudiés afin de déterminer quelles lignes créer et par quels arrêts. « 80% de nos passagers sont d’anciens autosolistes !, se réjouit Thomas. On aime le terme de service public partagé : il est co-produit par les citoyens. »

L’entreprise est reconnue comme service public et fonctionne avec les collectivités. C’est ce pourquoi la plupart des territoires ont pu rendre les trajets gratuits pour les passagers. C’est le cas à Rennes où une petite ligne de 18 kilomètres en périphérie a été mise en place en février dernier. « L’idée, c’est que, petit à petit, la ligne de covoiturage s’inscrive dans l’abonnement de transport », indique Thomas. La métropole de Grenoble et sa ligne de covoiturage serait la première zone à pouvoir intégrer ses arrêts à leurs propositions d’itinéraires en associant les lignes de bus et autres services de transport du territoire.

Avec environ 10 000 inscrits sur leur application, plusieurs milliers de trajets par jour seraient effectués via Ecov. « Les communes communiquent beaucoup lorsque nous installons des arrêts, explique Justine, l’animatrice de la ligne rennaise. On fonctionne ensuite au bouche-à-oreille et le projet est vraiment bien accueilli comme il répond à un réel problème de congestion et de bon sens. »

 


Le covoiturage en France

  • Selon le Ministère de la Transition écologique, 900 000 personnes covoiturent chaque jour pour se rendre au travail. Le gouvernement a pour objectif d’atteindre les 3 millions de trajets quotidiens en covoiturage d’ici 2024.
  • Il existe aujourd’hui de nombreuses plateformes de covoiturages. La plus utilisée, Blablacar, permet le déplacement de 135 000 passagers par jour sur de longues distances en covoiturage (chiffre hors période de crise sanitaire). D’autres compagnies existent : Klaxit, pour les courtes distances ; Mobicoop, pour des trajets sans commissions ; ou encore La Roue Verte, proposant des covoiturages pour les entreprises et collectivités.

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