« Des jardins et des hommes » : une invitation à la rêverie



Le jardin est en nous. Qu’il soit intérieur, perdu, rêvé, en friche, qu’on soit pianiste, comédien, pharmacien, botaniste, jardinier, le verger rassemble. Avec « Des jardins et des hommes » nous déambulons à travers les champs et flânons entre les buis. Au fil des pages, Patrick Scheyder, Jean-Marie Pelt, Michael Lonsdale et Gilles Clément livrent leurs pensées et leurs espoirs sur la terre. Nous avons rencontré deux des auteurs.

Michael Lonsdale et Patrick Scheyder
Michael Lonsdale et Patrick Scheyder. © Axelle Bibring-Pilliot

Ce livre ne suit aucune thématique. Il raconte simplement et librement le verger à travers des visages différents. « Le jardin est un endroit protégé. Il y a celui qu’on cultive, intérieur ou encore planétaire. L’idée était d’extraire la philosophie du jardin » explique Patrick Scheyder. « Remettre l’homme à sa juste place : ni comme dominateur, ni comme malveillant mais simplement au milieu des autres créatures. C’est là qu’on trouve notre équilibre. Et posséder un jardin n’est pas une nécessité pour accéder à cette philosophie, la partager et en tirer des conséquences positives sur sa vie. Ce mélange de rêverie et de pragmatisme qui est itinérant au métier de jardinier peut tous nous inspirer. »

« Lorsqu’on travaille la terre, la nostalgie n’a pas de place »
– Gilles Clément –

« Le jardin c’est l’endroit où l’on rassemble le meilleur de ce que l’on aime » poursuit Patrick Scheyder. « J’avais d’ailleurs demandé à Gilles Clément : « Je ne comprends pas quand je jardine je me sens toujours très bien, pourquoi ? » Il me répondit : « Lorsque l’on travaille la terre la nostalgie n’a plus de place car on travaille pour le vivant et même pour l’avenir. On est dans une dynamique de vie inépuisable qui projette dans le futur et qui n’emmène pas d’expériences douloureuses du passé. A mes yeux, la vie nous a été mal enseignée. On nous a enseigné que l’homme était différent de tout, je crois que c’est juste une question de culture. Si on enseigne à nos enfants et petits-enfants que l’homme fait partie de la nature, du jardin, l’homme se sentirait moins isolé et le mal-être disparaitrait » conclut-il.

Le jardin peut aussi être intérieur. C’est le cas de Michael Lonsdale. La nature l’inspire et le nourrit. C’est ainsi qu’il s’est tout naturellement tourné vers la peinture. « Un jour, je me suis mis à dessiner, jusqu’au jour où j’ai écouté Mozart pour la première fois, à la radio en peignant. J’étais tellement pris par la musique que ma main travaillait seule. Je n’y prêtais aucune attention. A la fin, stupéfaction, des visages sont apparus. J’aime beaucoup la chose qui n’est pas voulue, pas commandée et qui surgit spontanément. Mes peintures sont inventées, elles ne sont aucunement le miroir de la nature telle qu’on la voit. Ce sont des jardins, je les appelle paradis perdus. » Michael Lonsdale, le jardin il l’aime « soigneusement désordonné. » « Quand je me promène dans les jardins à la française – caractérisés par des lignes géométriques et symétriques- , soigneusement taillés, je n’ennuie terriblement ; d’ailleurs, je n’aime pas non plus les alexandrins. Contraindre la pensée à rimer, cela fait certes de belles choses, mais ne me touche pas ».

« Des jardins et des hommes » invite à la flânerie. Comme les jardiniers, apprenons à improviser et à inventer sa vie.

Et comme l’écrit Jean-Marie Pelt dans ce livre rédigé juste avant sa disparition : « Le jardin, c’est la paix. On suit l’évolution de la graine que l’on a plantée et l’on s’émerveille de ce qu’elle donne » – extrait du livre « Des jardins et des hommes » -.

 

 

Axelle Bibring-Pilliot

© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

 


« Des jardins de et hommes », Edition Bayard, Gilles Clément, Michael Lonsdale, Jean-Marie Pelt et Patrick Scheyder.

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Le 18 mars 2016
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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François le 09/04/2016 à 00:08

Un bel éloge du jardin, plein de philosophie et de ressourcement ...