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vendredi 22 novembre 2024
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Des initiatives pour lutter contre la pollution lumineuse

Impact sur la biodiversité, consommation d’énergie, ciels étoilés moins visibles… Les inconvénients et les effets néfastes de l’éclairage de nuit sont de plus en plus reconnus par la communauté scientifique et les particuliers. Pour lutter contre ce phénomène de pollution lumineuse en France, où le nombre de points lumineux a augmenté de 94% depuis les années 1990, des initiatives germent dans de nombreuses communes. Entre autres : l’installation de luminaires de moindre intensité ou l’extinction de l’éclairage public la nuit.

« L’éclairage artificiel est conçu par les humains pour eux-mêmes, sans prise en compte des besoins de la biodiversité. » C’est le constat de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement (ANPCEN), qu’elle a développé dans une étude de 2015. La lumière artificielle rogne en effet de plus en plus de zones d’obscurité qui abritent de nombreuses espèces. Et comme le rappelle l’ANPCEN, 30 % des vertébrés et plus de 60 % des invertébrés sont nocturnes, exclusivement ou partiellement. Résultat : divers écosystèmes sont bouleversés (modification des cycles biologiques, des comportements des espèces, etc.).

Par exemple, les oiseaux nocturnes ne peuvent plus s’orienter avec les étoiles et se perdent ; les amphibiens réduisent leurs déplacements et se reproduisent moins, pour ne pas être repérés par leurs prédateurs ; les rapaces diurnes profitent quant à eux de la lumière artificielle pour chasser la nuit, ce qui perturbe la chaîne alimentaire globale.

Vue de la planète Vénus se levant dans le ciel avant l’aube au-dessus de la côte atlantique, avec au premier plan le phare de Permaquid Point, dans le Maine aux États-Unis.

+94% de points lumineux en France depuis 1990

Pour réduire cet impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité et réduire notre consommation d’énergie, la France a instauré une loi en 2013, complétée par des arrêtés en 2018 relatifs « à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses ». Cette règlementation impose notamment l’extinction des lumières éclairant le patrimoine et les parcs au plus tard à une heure du matin, de même pour l’extinction des vitrines de magasins de commerce ou d’exposition. Mais selon l’association Agir pour l’environnement (APE), les moyens alloués à cette réglementation sont insuffisants, et de nombreuses enseignes ne respectent pas les extinctions de nuit par exemple.

Depuis les années 1990, le nombre de points lumineux dans l’éclairage public a augmenté de 94% en France, accroissant la pollution lumineuse de 3% chaque année d’après l’APE. Conclusion : à peine 2% du territoire français est exempt de cette pollution.


L’éclairage public en chiffres :  

-4 milliards : le nombre de lampes d’éclairage public actuellement en fonction dans le monde

-90 millions : le nombre de luminaires urbains installés en Europe

-9,5 millions : le nombre de points lumineux en France

-12 % : part de l’éclairage public dans la consommation totale d’électricité française

-+94% : la quantité de lumière émise en France depuis les années 1990

-2 milliards : les dépenses de l’éclairage urbain par an en France

Source : Association française de l’éclairage (AFE)


772 « villes et villages étoilés »

Pourtant des solutions existent pour réduire cette pollution lumineuse. Parmi les mesures phares : l’extinction de l’éclairage public pendant la nuit. Certaines municipalités pionnières ont expérimenté l’extinction nocturne il y a une dizaine d’années déjà. C’est le cas de Limogne-en-Quercy, commune du Lot de 770 habitants, qui éteint ses lampadaires de minuit à cinq heures depuis 2012. D’autres villes plus importantes ont suivi l’exemple. Blois (41), Givors (69), Épinal (88), ou encore Strasbourg (67). La capitale du Grand Est a notamment signé une charte d’engagement volontaire avec l’ANPCEN, et mis en place d’autres dispositifs efficaces pour réduire les nuisances lumineuses : remplacement des ampoules classiques à lumière blanche par des « kits LEDS », avec des couleurs et températures plus chaudes, orientation des éclairages vers le sol, etc.

Autre solution originale : Lumiroute. La métropole de Limoges (87) a expérimenté dès 2014 ce projet, qui permet de réduire l’éclairement de la chaussée en maximisant la réflectance du revêtement routier ; les lampadaires sont alors plus espacés et moins puissants. Résultat : 56% à 70% d’économies d’énergie pour la collectivité.

Depuis 2009, l’ANPCEN récompense les efforts de communes de toutes tailles qui luttent contre la pollution lumineuse, en leur décernant le label de « Ville et village étoilé ». Ces municipalités éclairent 34% de moins que la moyenne nationale, et 47% de moins que les communes qui ne pratiquent aucune extinction nocturne. L’an dernier, 772 communes ont été labellisées. Un chiffre en augmentation de 25% par rapport à 2018 (574 communes récompensées cette année).
Si ces territoires sont sensibilisés aux enjeux environnementaux, il s’agit aussi pour ces pouvoirs publics de réaliser d’importantes économies sur leur facture d’électricité. 6 millions d’euros auraient été économisés par les 334 communes labellisées en 2020 qui ont pratiqué l’extinction nocturne selon l’ANPCEN.

Sur l’île d’Houat, en Bretagne, 80 minutes après le coucher du soleil et 30 minutes avant le début de la vraie nuit, celle-ci commence à peine à tomber.

Allier extinction de la lumière et sécurité

Dans certaines collectivités, la fin de l’éclairage public pendant la nuit ne fait pas néanmoins l’unanimité auprès des habitant.e.s, en raison d’un sentiment d’insécurité. En effet, si aucune étude n’a établi de lien entre l’extinction des lampadaires et la hausse des agressions en ville, cette crainte persiste chez de nombreuses personnes.

Pour pallier cet obstacle, des municipalités, comme Lyon et Limoges, ont équipé les luminaires de détecteurs de présence. Eteints la nuit, ils s’allument au passage d’un animal ou d’une personne, et s’éteignent quelques minutes après. Certaines communes en Normandie expérimentent également une application, « J’allume ma rue », qui permet aux particuliers d’allumer les lampadaires de leur ville à partir de leur smartphone, via un système de géolocalisation. Le fondateur de l’application souhaiterait développer cet outil dans une trentaine de villes cette année, notamment à Tours.

Quelque soit le dispositif, de plus en plus de collectivités s’investissent pour réduire la pollution lumineuse sur leur territoire. Selon les données du groupe AFE Métropoles, 70 % des métropoles prennent aujourd’hui en compte le volet biodiversité dans leurs politiques d’éclairage.

Pour aller plus loin :

www.anpcen.fr
www.villes-et-villages-etoiles.fr
http://www.afe-eclairage.fr/

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