Pour respecter l’Accord de Paris, la France doit réduire son empreinte carbone de 80% par rapport à sa consommation actuelle. Si ce défi ne peut être relevé sans la contribution de l’Etat et des entreprises, le cumul d’efforts individuels pourrait réduire de 25% à 45% notre bilan carbone national selon l’étude « Faire sa part » de Carbone 4. Voici quelques pistes, réparties par thèmes, pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi lutter contre la pollution plastique ou encore protéger la biodiversité.
ALIMENTATION
Si les Français se targuent souvent d’avoir la meilleure gastronomie au monde, ils n’ont pas vraiment de quoi s’enorgueillir quand il s’agit d’écologie. L’alimentation représente en effet entre un tiers et un quart de l’empreinte carbone d’un foyer, et un quart de sa consommation d’eau.
QUEL RÉGIME ALIMENTAIRE POUR DEMAIN ?
Le scénario « Ten Years for Agroecology » (TYFA), mis au point par l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et le bureau d’études AScA, imagine une nouvelle agriculture européenne pour permettre une réduction des GES de 47 %. Voici le régime alimentaire quotidien que les auteurs du scénario, Pierre-Marie Aubert et Xavier Poux, préconisent pour atteindre ces objectifs d’ici 2050.
Voir notre hors-série sur « Les 4 saisons végétariennes ».
DÉPLACEMENTS
Les transports représentent un quart des émissions totales de GES de l’Union européenne ; la voiture individuelle 54 %. Si l’on veut contenir le réchauffement, les pratiques les plus polluantes, comme prendre la voiture seul ou voyager en empruntant des vols courte distance, doivent disparaître au profit d’alternatives plus écologiques.
L’équivalent CO2 (CO2e) est une unité créée par le GIEC pour mesurer les impacts des divers GES au cours d’une période de temps donnée. Il attribue ainsi à chacun d’eux un potentiel de réchauffement global (PRG). Selon le GIEC, 1 tonne de méthane a un PRG vingt-huit fois plus élevé que 1 tonne de CO2 sur une période de cent ans. Cet outil simplifié permet de comparer activités et comportements à partir d’une unique base, et évite donc de détailler systématiquement la part de chaque GES.
Lire aussi : « Calculer son empreinte carbone avec MyCO2 »
VÊTEMENTS
L’industrie textile utilise 2 700 litres d’eau pour fabriquer un tee-shirt, génère 10 % des émissions de GES, emploie des salariés à bas coût… En France, nous ne portons pas plus de deux tiers de notre garde-robe et jetons en moyenne 12 kilos de vêtements tous les ans (soit autant que nous en achetons !).
IMPACT SELON LA MATIÈRE UTILISÉE
POLYESTER : matière la plus produite dans l’industrie du textile. Il est fabriqué à base de 70 % de pétrole. Chaque lavage délivre des microfibres de plastique qui polluent les océans.
COTON : un quart des productions de textile. Pour sa fabrication, un tee-shirt en coton nécessite une importante quantité d’eau – l’équivalent de 70 douches. Le coton ne peut pas être produit en France, car sa culture abîme les sols et les cours d’eau.
IMPACT D’UN JEAN
- 33,4 kg d’empreinte carbone
- De 7 000 à 10 000 l d’eau utilisés, soit 285 douches
- Jusqu’à 65 000 km parcourus pour arriver jusqu’à nous
MODE RESPONSABLE
Grâce à l’appli Clear Fashion, il suffit de scanner les étiquettes des vêtements pour connaître leur impact sur la planète.
NUMÉRIQUE
Il semble difficile aujourd’hui de s’en passer… Pourtant, l’impact écologique du numérique est un désastre puisque le secteur utilise des minerais rares. Seuls 18 % des métaux présents dans les ordinateurs européens sont recyclés, et le numérique représente 4,2 % de l’émission de GES dans le monde.
Voir notre numéro spécial sur le « Numérique responsable ».
STREAMING
La France compte 31 millions d’utilisateurs de plateforme(s) de streaming. À quel prix pour la planète ? Du stockage de données à l’utilisation de la 4G, regarder des vidéos en ligne pollue. Réduire sa consommation et redécouvrir le plaisir de lire est l’une des voies possibles pour se divertir autrement.
LECTURE ET STREAMING : QUELS IMPACTS ?
LIRE DES OUVRAGES IMPRIMÉS : 16 kg de CO2e pour 16 ouvrages/an
LIRE SUR UNE LISEUSE : 80 kg de CO2e pour 16 ouvrages/an
REGARDER DES VIDÉOS EN STREAMING : 87,6 kg de CO2e pour 730 heures/an
VACANCES
Chaque année, 8 % des émissions mondiales de CO2 sont dues au tourisme. Bien que les transports constituent une grande part de la pollution touristique, il ne faut pas oublier les services associés : hébergement, restauration, activités, achats.
Les vacances sont l’occasion de s’échapper de son quotidien et d’admirer des paysages inédits. Le hic : voyager pollue. Il faut donc apprendre à s’évader moins loin et, si le lointain est obligatoire, à rester sur place plus longtemps pour réduire son empreinte.
LOGEMENT
Un quart des émissions de CO2 sont produites par le secteur du bâtiment. Notre lieu de vie, couplé à nos habitudes sans limite, pollue eau, terre et air. Des petits gestes simples aux investissements plus importants, habiter de manière plus durable est tout à fait viable !
Entre chauffage, eau et électricité, les factures sont nombreuses et la consommation d’énergie est coûteuse pour l’environnement. Parmi toutes les possibilités énergétiques, quelles sont les plus propres ?
HYGIÈNE
Toutes les minutes, en France, sont vendus 360 gels douche et 650 shampoings. Nous nous lavons, beaucoup, au mépris de la planète, et parfois même de notre peau. De la conception à la consommation, les produits cosmétiques ont un impact sur l’environnement : fabrication qui souille sols et nappes phréatiques, eaux contaminées, transports polluants, ce qui nous lave n’est pas propre… Changer ses habitudes est un premier pas vers le respect de l’environnement et de son corps.
GEL DOUCHE : PRINCIPAUX INGRÉDIENTS NÉFASTES POUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ
DÉTERGENT
Sodium laureth sulfate : tensioactif décapant et polluant
SOLVANT ORGANIQUE
PEG (polypropylène-glycol), PPG :difficilement biodégradables
AGENTS FILMOGÈNES
Styrene/acrylates copolymer : peu ou pas biodégradable
Polyquaternium : toxique pour la faune aquatique et polluant
AGENT PARFUMANT
Benzyl salicylate : soupçonné d’être un perturbateur endocrinien
ÉMULSIFIANTS
Glycol distearate : polluant faiblement biodégradable Polysorbate : composé éthoxylé
AGENT MOUSSANT
Ammonium lauryl sulfate : tensioactif irritant
AGENT NETTOYANT/MOUSSANT
Disodium laureth sulfosuccinate : tensioactif moyennement irritant
AGENT DE CHÉLATION
Tetrasodium EDTA : reste dans l’organisme, difficilement biodégradable
STABILISANT
Benzophénone : perturbateur endocrinien
Par Marius Gouttebelle et Léopold Picot.