Animaux

Bénévoles et salariés à la LPO : au service de la nature et des oiseaux

Par Sabah Rahmani, le 7 mai 2022

Un poussin sur la main d'un homme (image Pixabay)

En adhérant à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), citoyens, salariés, collectivités ou entreprises peuvent agir concrètement pour préserver la biodiversité de proximité et sensibiliser leur entourage. Rencontre avec deux passionnés, des Biodiv’acteurs : 

 

  • Evelyne Haber, 63 ans, bénévole, coordinatrice de refuges LPO dans le Tarn
Evelyne Haber ©DR

« Un simple espace vert suffit pour être utile à son échelle »

Lorsque j’ai adhéré à la LPO en 2006, c’était  pour  apporter une modeste participation financière à une association que j’aimais particulièrement. Puis, très vite, j’ai créé un refuge dans mon jardin grâce auquel j’ai découvert avec émerveillement de nombreuses choses sur les oiseaux et la biodiversité. J’ai pris conscience que l’on n’a pas besoin d’aller très loin pour participer à la sauvegarde du patrimoine vivant : un simple espace vert suffit pour être utile à son échelle. On peut même installer un refuge LPO sur un balcon, avec une jardinière de plantes aromatiques sur laquelle on dispose un nichoir à insectes pour former un micromilieu.

Côté jardin, quelques aménagements suffisent également. Première étape : conserver tout ce qui est propice à la biodiversité. Chez moi, par exemple, j’ai gardé une haie naturelle et un grand chêne. Ensuite, j’ai planté des haies bocagères avec des arbustes à baies, comme l’aubépine qui a l’avantage de protéger les nids des oiseaux contre les prédateurs. Chaque année, j’ai la chance d’observer un rossignol nicher dans le jardin. J’ai aussi pu observer des fauvettes à tête noire et des mâles qui paradaient autour de trois femelles. Car au jardin, les oiseaux sont chez eux, pas chez moi ! Pour les accueillir, il est très utile de laisser place aux plantes sauvages. Il en existe de très belles, comme les cardaires draves, appréciés pour leurs graines.

Favoriser la biodiversité, c’est aussi renoncer aux produits chimiques et choisir de ne pas tondre systématiquement toute la pelouse ; je laisse ainsi des espaces de végétation naturelle. Ces aménagements permettent d’observer plus de faune, des oiseaux, des insectes, des papillons, des libellules… C’est fabuleux ! Grâce à cette expérience, j’ai ressenti l’urgence de protéger notre environnement et la nécessité de commencer chez soi.

C’est parce que j’avais envie de partager ce plaisir que je suis devenue coordinatrice de refuges bénévole. Je fais, par exemple, des animations et des sorties où je présente les actions et les gestes à adopter. Les refuges LPO sont des outils formidables pour atteindre un public non averti. Pas besoin d’être ornithologue, scientifique ou naturaliste pour agir. Grâce aux refuges, on touche toutes les couches de la société, des enfants jusqu’aux personnes âgées. La nature est capable de faire ce lien entre tout le monde. Créer un refuge LPO, c’est participer à un réseau sur le territoire, fondamental à notre époque.

  • Lucas Deplaine, 26 ans, animateur chargé d’études naturalistes LPO sur l’île de Ré
Lucas Deplaine ©DR

Je m’intéresse à l’ornithologie depuis l’âge de 7 ans. Paradoxalement, cela me vient de mes grands-parents chasseurs et pêcheurs, qui aimaient beaucoup les balades en pleine nature. Originaires de l’est de la France, nous allions souvent en baie de Somme observer les oiseaux. Puis, à l’âge de 12 ans, je suis devenu bénévole à la LPO pour compter les grues au lac du Der en Champagne- Ardenne. Ces lacs de l’est de la France sont des hauts lieux de l’ornithologie. Je me souviens qu’en automne on pouvait observer des centaines de milliers de grues : le spectacle était fascinant !

J’ai choisi de faire de ma passion mon métier. Après mon baccalauréat en gestion de la faune sauvage et mon BTS en gestion et protection de la nature, j’ai été recruté par la LPO. Depuis un an, j’occupe un poste à la Maison du Fier qui gère la Réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges sur l’île de Ré. J’ai une double mission : animateur nature et gestionnaire de la réserve. Je m’occupe du suivi ornithologique de la réserve qui accueille en période hivernale plusieurs dizaines de milliers de petits échassiers originaires de Scandinavie, de la toundra arctique, de Russie, qui hivernent en Afrique. Nous offrons à ces oiseaux un lieu de quiétude, de reproduction et une biodiversité pour un habitat favorable.

Nous organisons également des animations auprès de tous les publics : scolaires, étudiants, particuliers, groupes, handicapés… Les sorties guidées prennent la forme d’une balade d’environ deux heures trente avec jumelles et longue-vue. On montre comment identifier les oiseaux, on explique le fonctionnement de l’écosystème, les migrations et le rôle de la réserve.

« Susciter l’envie de sauvegarder les milieux naturels »

Il est essentiel de sensibiliser tous les citoyens parce que depuis les années 1970,on observe une chute de 60 % de la biodiversité ! Les gens ne se rendent pas toujours compte de la nature qui les entoure. Avec la réserve, nous avons la chance d’avoir un outil pédagogique exceptionnel. Les visiteurs sortent émerveillés de tout ce qu’ils ont vu et on espère ainsi susciter l’envie de sauvegarder les milieux naturels. Si j’aime transmettre  cette  passion  aux autres, j’aime aussi me retrouver seul face aux éléments ; le vent, la mer, les tempêtes, ce sont des sensations fortes. Une véritable évasion qui me permet de me retrouver le plus clair de mon temps libre avec les oiseaux…


Créer un refuge LPO

Vous avez, ou vous gérez, un jardin, une terrasse, une cour, un balcon, un toit végétal ? Vous êtes un particulier, une école, une collectivité, une entreprise, une association ? Vous pouvez créer un refuge LPO partout en France (35 pour les particuliers, 75 euros pour les structures)
->https://www.lpo.fr/s-engager-a-nos-cotes/creer-un-refuge-lpo


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