AGO, un documentaire interactif pour changer nos modes de vie



Upcycling, planteurs volontaires, circuits courts, permaculture, maison autonome… A travers diverses capsules thématiques, le documentaire AGO propose aux internautes une expérience interactive pour questionner la transition face à l’urgence climatique. Entretien avec Jan Declark, le réalisateur et Marin Lauginie, chargé de production.

 

Il existe à présent beaucoup de « documentaires » qui montrent qu’on peut changer de paradigme. Pourquoi en faire un de plus ? 

Jan DECLARCK : Il existe en effet beaucoup et de plus en plus de documentaires mettant en avant cette volonté de changement, et c’est bon signe ! Avec le documentaire « AGO », nous allons à la rencontre de personnes et de structures de différents horizons, toutes proches de chez nous. Ce documentaire démystifie le fait que les bonnes initiatives sont toujours autre part, nous pouvons trouver des initiatives qui ont du sens juste par un simple tour à vélo. Ce documentaire se veut être un élan positif pour les spectateurs. Ils pourront découvrir ou redécouvrir de nombreuses initiatives : permaculture, upcycling, maison autonome, plantations volontaires, circuits courts.

Marin LAUGINIE : Avec l’interactivité et de l’animation graphique, nous proposons aux spectateurs d’être acteur de leur visionnage par l’intermédiaire d’une balade à vélo. Ils pourront ainsi choisir leur trajet et approfondir chaque thématique par un tutoriel. Chacun avance à son rythme et selon ses envies. Nous souhaitons sortir du cadre classique du documentaire pour proposer une autre expérience, une autre lecture.

 

En quoi ces documentaires, le votre, sont des leviers importants pour se mettre sur la voie d’un nouveau mode de vie ?

JD : Nous entendons de plus en plus parler de lutte face au changement climatique et de nouveaux modèles de sociétés et de vie. Un documentaire pose un regard et une vision d’ensemble sans traiter d’un fait d’actualité passager. Il permet de faire un état des lieux d’une prise de conscience citoyenne, mais aussi de montrer que des modes de vie divergents existent depuis longtemps.

 

Avez-vous noté des points communs chez toutes ces personnes que vous avez rencontrées ?

JD : Ce qui nous a particulièrement marqué lors de la réalisation du documentaire « AGO », c’est qu’il a été facile d’aller à la rencontre des gens. Il y a un travail de recherche d’intervenants au préalable et nous avons eu très peu de refus. Toutes les personnes que nous avons rencontrées avaient une grande envie de partager leurs idées, leurs astuces et leur vision.

ML : Il s’est passé quelque chose d’assez fort lors de l’avant-première à laquelle tous les intervenants du documentaire étaient présents. L’ensemble de ces personnes militent pour une société plus juste, humaine, locale et en cohabitation avec la nature. Avec la mise en commun de leurs témoignages, certains ont pris conscience de la vivacité des initiatives au niveau local. Cette dynamique citoyenne est présente partout sur le territoire. Il ne dépend qu’à chacun d’apporter sa contribution.

 

Fort des témoignages que vous avez recueillis, qu’est-ce qui vous semble le plus difficile pour changer (individuellement) et passer à l’acte ?

JD : Quand nous écoutons des personnes passionnées par leur mode de vie, il est difficile de quitter leurs bulles et refaire face à la réalité de notre société. Je pense que le plus difficile pour passer à l’acte est la peur d’être marginalisé, tout comme la peur de se détacher de son smartphone qui peut nous faire sentir seuls. J’espère que cela s’estompera avec la future popularité de ces modes de vie.

ML : Leurs témoignages nous invitent à questionner notre modèle culturel, sociétal et économique. Aucune action ne vient sans croyances. Ce premier pas de la croyance a été le plus long pour moi. Il s’agit de prendre le temps d’une introspection personnelle, d’une quête de sens et d’y trouver sa place. Mon cheminement a été de renouer et de reconsidérer la nature comme vitale et essentielle et de me documenter sur les enjeux écologiques et sociétaux (documentaires, presse, reportages, conférences). Face à l’urgence de la situation, il importe à chacun, individuellement, de donner une utilité à ses convictions pour passer à l’action collectivement.

 

Toutes ces initiatives individuelles peuvent-elles selon vous inciter les élus (nationaux, locaux) à changer de politique ? en quoi sont-elles inspirantes ?

JD : Ces initiatives permettent de « gagner du terrain » sur l’idée d’un nouveau modèle. Si les politiques se basent sur l’avis des citoyens, nous pouvons espérer l’émergence d’idées politiques en faveur de l’environnement.

ML : Pour compléter Jan, « le plus grand défi de l’humanité » devrait être notre priorité puisqu’il remet en cause notre propre condition. « Inciter nos élus » revient à dire qu’ils ne vont pas d’eux-mêmes dans la direction que nous souhaitons. Nous subissons la politique que nous choisissons collectivement par les urnes. La politique changera quand ce combat sera prioritaire pour le plus grand nombre. Nous militons dans ce sens-là.

 

On le voit, ces initiatives remettent en cause des indicateurs comme la croissance, est ce possible selon vous de les reproduire à grande échelle ?

JD : Il est bien entendu possible de reproduire à grande échelle toutes les actions présentes dans le documentaire mais il faut voir si les gens sont capables de changer de cap en se tournant vers l’essentiel. Vaut-il mieux investir dans une entreprise qui recycle ou qui construit ? Acheter chez les producteurs locaux ou dans les supermarchés ? Utiliser l’eau du robinet ou qui tombe du ciel ?

ML : Le documentaire « AGO » souhaite donner envie d’agir, et donc voir naître des initiatives plus largement. Au niveau structurel et systémique, nous ne sommes pas qualifiés pour apporter des éléments mais nous croyons qu’il est temps de changer les conventions, les indicateurs et le rapport de force par un éveil collectif des consciences dont « AGO » souhaite participer.


Regardez gratuitement le documentaire : ICI 


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Le 28 avril 2020
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