Bien-être

Adopter la « slow » attitude :
10 conseils pour ralentir



Produire plus, gagner plus d’argent en un laps de temps toujours plus court, sans regard vers l’autre, constitue un pilier de la philosophie libérale. Face à ce galop incessant, face à ce monde qui s’emballe, qui tourne à toute vitesse, le mouvement « slow » prône pour sa part la lenteur, la décélération. Kaizen vous donne quelques idées pour ralentir et grappiller quelques gouttes de bonheur au temps.   

 

Superman et superwoman sont cadres dynamiques, travaillent 50 heures par semaine au bureau, terminent les dossiers chez eux. Demain, ils seront à Venise pour un trip low cost. L’hiver, ils iront au ski, cet été à l’ile d’Oléron. Ils facebookent, ils twittent, ils smartphonent sans arrêt. Ils parcourent 50 000 kilomètres annuels, sortent en boîte, consomment des boîtes.

D’autres ont choisi une vie lente, douce, légère. On les dit parfois lourdauds, nouilles, d’un autre siècle, pauvres de vitesse et donc d’esprit, même s’ils sont parfois riches de tendresse et de respect !

D’autres enfin n’ont pas choisi. Ils appartiennent à un siècle où le mouvement est devenu largement exalté. En musique, ce mouvement qu’on leur impose serait appelé prestissimo, alors que leur nature est plutôt proche de l’adagio. Ils soufflent, s’étranglent alors qu’ils rêvent d’une vie plus respirable, alors qu’ils rêvent de calme, de silence, de paix. Ils courent malgré eux, n’écoutent pas leur corps qui s’essouffle alors qu’ils aimeraient ralentir. Un jour, ils craquent, leur cœur craque, leur couple craque. Le burn-out est là, professionnel, sentimental, familial. Et s’il n’est pas là, il n’est pas loin. Est-ce donc cela le sens de ma vie ? Courir a-t-il le goût du bonheur ? se demandent-ils.

La réponse ne serait-elle pas dans la quête d’intériorité que nous proposent les philosophes de la conscience ? Il ne s’agit pas de tout faire lentement mais plutôt de donner le temps qu’il faut à chaque chose, d’être « en conscience » avec ce que nous faisons. « Ralentir, c’est aussi prendre le temps de regarder en nous-mêmes, d’être à l’écoute de nos émotions, de notre ressenti. Au contraire, une vie pleine de choses à faire est parfois vide de sens », nous dévoile Thomas d’Ansembourg dans son livre Qui fuis-je ? Où cours-je ? À quoi servons-nous ?.

« Il est urgent de ne rien faire par moments pour accéder à notre intériorité. Nous avons besoin de sens comme nous avons besoin de pain. Prendre soin de notre enfant, réfléchir à un cadeau d’anniversaire approprié, être disponible pour écouter un ami, une amie, ou plus simplement encore, prendre du plaisir aux travaux de routine du quotidien, préparer le repas du soir avec de bons produits frais, parvenir à goûter la sensation d’être en lien avec tout ce qui nous relie à la vie est source de sens, de joie intime. »

Oser ralentir, adopter la slow attitude serait-il un des secrets du bonheur ?

 

Quelques gestes pour ralentir et adopter la slow attitude 

Je me débranche

Je coupe mon ordinateur, ma tablette, mon portable pendant une partie de la journée. Je reste inaccessible aux sollicitations du monde, ou en tout cas, à mon habitude d’y répondre immédiatement.

Je me concentre sur une tâche à la fois

Au moins une fois par jour, je concentre mon attention sur un sujet, un dossier, un problème, une idée. Une heure sur une tâche unique. La force du présent, c’est de pouvoir se concentrer sur une action au moment où on la mène. Peut-être me rendrai-je compte que j’augmente ma capacité de concentration, que je gagne du temps…

Je laisse à mes enfants du temps pour jouer

Ou pour rêver, plutôt que les placer dans une boulimie d’activités. Laisser les enfants jouer sans but précis, sans cadre précis ; leur permettre de courir, de se coucher sur le tapis, de jouer au ballon, de lire, de jouer avec des figurines, librement, développe un univers propre, diminue leur anxiété, augmente leur créativité et leur santé émotive.

Je favorise l’échange et la collaboration

Je remplace au moins une fois par semaine « ne rien demander à personne pour ne rien devoir » par « le bonheur est dans l’échange ». J’adhère à un SEL ou une Accorderie, j’agis pour que se développe une nouvelle forme de richesse, solidaire et collective.

J’investis une partie de mon avoir dans l’épargne citoyenne locale

J’adhère à un projet d’épargne citoyenne pour la relocalisation de l’économie. Qu’elle soit une société mixte d’économie locale, ou une fondation comme Terre de liens qui préserve des terres agricoles et investit dans l’agriculture bio, ou sous la forme de « love monnaie », j’agis pour que mon argent soit utile.

Je fais mon pain

Parce que ce que je crée de mes doigts est bon. Parce que mon pain est sain. Parce que se réapproprier les fondements de mon alimentation a beaucoup de sens. Je pourrais tout autant cueillir des champignons et les sécher, faire des confitures de gratte-cul, ré-apprendre à faire une mayonnaise, un pâté. Avec des produits bons, cultivés sans pesticides, ou issus de cueillettes sauvages.

Je m’autorise à ne rien faire

Je m’autorise à regarder par la fenêtre, respirer, penser, méditer, sans but précis, simplement pour goûter au temps qui passe. Je contemple. Un merle sur l’herbe, une goutte de rosée, l’ombre des nuages sur l’arbre. Un rien rend heureux. Je vis le présent du présent, une demi-heure par jour… ou plus.

Je m’autorise à ne pas penser à demain

« Que l’âme trouve sa joie dans le présent et prenne en haine l’inquiétude du futur. » Horace, déjà, nous signifiait qu’on peut être heureux dans le présent si on limite raisonnablement ses désirs. « Carpe diem », nous enseigne-t-il dans un élan de prise de conscience que l’instant, la vie, sont uniques.

Je « 10-10 » avec ma ou mon partenaire

Lui est couché, la tête repose sur ses cuisses. Elle parle à voix haute, pendant 10 minutes. Elle dit ses petits bonheurs, ses difficultés, ses peurs, ses rêves, ses souhaits. Elle parle en « je ». Lui répète ses phrases à voix basse, les assimile, ne l’interrompt pas, accueille ses mots avec bienveillance. Après 10 minutes, qui peuvent être parsemées de silences, elle se couche sur lui, il parle, les rôles s’inversent.

Je raconte des histoires à mes enfants

Courtes, longues, je m’accorde et je leur accorde une histoire tous les soirs. Histoires imaginaires, histoires drôles, elles éveillent chez mes enfants leur imagination, leur capacité de créativité, elles me permettent d’être en lien avec eux. Je lis, ils écoutent, ils rient, je ris. Ils ont peur, je les rassure.


Article initialement publié dans le Kaizen 14, « Tout va vite, et si on ralentissait ? »

 

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Le 10 avril 2018
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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