Anne de Béthencourt : « Les utopies peuvent changer le monde »



Chargée des Relations extérieures pour la Fondation Nicolas Hulot, vice-présidente de l’Institut de l’économie circulaire et cofondatrice du WomenLab, Anne de Béthencourt est l’une des organisatrices de la 4e édition du Forum de l’Évolution de la Conscience qui aura lieu le 10 octobre prochain, à Paris. Elle nous parle de cet événement inspirant qui entend transformer la société à travers l’évolution de nos consciences…

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Quel est l’objectif  du  Forum de l’Évolution de la Conscience ?

Quand nous avons créé, il y a quatre ans, ce forum, c’était sur l’inspiration de cette phrase de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » La société ne changera pas uniquement par du « faire », par de l’action. Cela demande aussi une évolution de l’être de chacun, des consciences individuelles et collectives qui permettent d’aller vers de l’action différente. Le deuxième point, c’est que nous partageons l’idée que l’avenir n’est pas écrit et que la communauté humaine doit avoir toute capacité à se reprendre en main pour créer un autre futur. Nous refusons d’être dans la fatalité ou dans le déni.

Pourquoi avoir créé un forum ?

Quand nous parlions d’évolution de la conscience, nous nous sommes rendu compte que cela attirait beaucoup de gens qui avaient envie de se retrouver autour de ces thèmes et d’évoluer ensemble, mais qui se sentaient isolés. C’est un Forum international et nous faisons donc venir des personnalités qui n’ont pas l’habitude d’intervenir en France. Il peut s’agir de figures spirituelles, d’économistes, de philosophes… Ensemble, nous faisons un voyage d’une journée sur un thème ; cette année, ce sera les utopies réalisées. Au-delà des interventions, nous proposons aussi un travail en intelligence collective à travers des ateliers pour que chacun puisse découvrir sa propre utopie, sa vocation sur cette Terre.

Comment inviter les gens – qui sont dans le scepticisme ou le déni – à prendre conscience des risques écologiques et sociétaux qui nous pendent au nez ?

Il est difficile de répondre. S’il y avait une solution, on l’aurait déjà tous trouvée avec nos chemins différents. Il n’y a pas un sujet, pas une façon de faire, mais il y a des moments où des gens ont des prises de conscience.

Ceux qui sont dans le déni, je crois qu’il faut arrêter d’essayer de les convaincre, car on y perd notre énergie. Et il y a des gens entre les deux. Ils sont prêts à discuter, à être curieux, à être ouverts et intéressés par les sujets. Il n’y a pas de principe absolu pour les toucher. La seule règle à laquelle on peut répondre, c’est l’authenticité de chacun dans sa façon d’exprimer ce qu’il a à exprimer. On peut inspirer les gens, c’est tout ce que l’on peut faire. Les inspirer par tout ce que l’on est et ce que l’on fait.

La conscience étant personnelle, comment articuler la conscience individuelle avec la prise de conscience collective ?

Toutes les spiritualités, quelles qu’elles soient, parlent de l’unité. Nous sommes un. Nous ne sommes pas des individus séparés de tout. La nature n’est pas séparée de nous et la Terre n’est pas séparée de l’Univers. C’est comme l’image de la main : autonome, mais qui fait entièrement partie du bras, qui lui-même fait partie du corps. Et le jour où on a conscience que notre évolution individuelle affecte l’évolution du monde, dans un sens positif ou négatif, que nos propres actions contribuent à l’évolution du tout, on a une autre vision de ce que l’on peut être en tant qu’individu. On n’agit plus pour soi-même, mais pour le tout. Chacun a son propre rôle à jouer dans cette partition.

Certes mais, le concept même de spiritualité ne parle pas à tous…

La société évolue. De plus en plus de personnes sont conscientes qu’il ne s’agit pas que d’une question de faire, de politique, de croissance… C’est aussi une question de comportement en tant qu’être humain. Regardez comme le sujet de la méditation a envahi les médias. Auriez-vous imaginé, il y a quelques années, que des médias « grand public » puissent faire leurs unes sur la méditation ? Certes, il y a méditation et méditation.

À titre d’exemple, quand Nicolas Hulot a organisé le Sommet des consciences [le 21 juillet 2015] en faisant venir des dignitaires de religions et courants spirituels ainsi que des personnes morales du monde entier sur le sujet de la conscience, peu y ont cru. Au final, cette rencontre a été extrêmement riche.

Je crois que nous sommes de plus en plus interpellés par ces notions de conscience et de spiritualité. Quelles que soient nos croyances, notre vie intérieure n’est pas séparée de ce que l’on est et de ce que l’on fait. Nous ne serons jamais parfaits, mais nous sommes en évolution permanente. On changera le monde si l’on est nous-même, le plus authentique qui soit, même avec nos erreurs.

Pourquoi, cette année, avoir choisi le thème des utopies réalisées ?

On pense souvent qu’une utopie n’est pas réalisable, car elle représente un idéal de bonheur et d’harmonie pour les sociétés. Pour nous, la première utopie est intérieure. Réaliser son utopie, c’est découvrir et réaliser sa vocation. Au Forum, cette année, nous avons invité des pionniers – philosophes, spirituels, entrepreneurs… – qui mettent en œuvre leurs utopies. Ils partageront leurs joies et leurs difficultés. C’est cela qui nous intéresse : passer du rêve, de l’utopie, à sa mise en œuvre. Nous avons été inspirés par Auroville, en Inde, une cité créée sur la base d’une vision utopique du vivre-ensemble. Des personnes de toutes les nationalités y habitent. Ce qui est compliqué, c’est d’aller au-delà de l’ego et des individualismes. C’est le facteur humain. Mais, si l’on se résigne à cause de ce facteur, on n’y arrivera jamais. Oui, je pense que les utopies peuvent changer le monde.

Quelle est votre utopie ?

Vivre ensemble en harmonie au-delà de l’ego où chacun exprime sa vocation au service du plus grand que soi.

 

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Le 11 septembre 2015
© Kaizen, explorateur de solutions écologiques et sociales

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girard myo le 17/09/2015 à 00:38

Je suis connectée avec le UN , je n'ai aucun doute sur cette affirmation, mes tolies parlent pour moi .Nous ne serons jamais parfaits, mais nous sommes en évolution permanente.
Merci !!!