On porte bien moins attention à cet arbre (presque) tout blanc, au tronc gracile, qu’à un chêne majestueux ou un nourrissant châtaignier. Quel dommage ! Sa sève, que l’on récolte en mars, regorge de bienfaits.
Cette sève brute, riche en minéraux puisés dans la terre par le réseau racinaire de l’arbre, est aussi surnommée « eau de bouleau » car elle est incolore et fluide comme de l’eau. On la trouve en magasins bio ou en direct auprès de récoltants (bétuliculteurs) pour réaliser au printemps une cure dépurative et dynamisante relativement efficace.
En activant la diurèse, elle permet de se débarrasser des toxines accumulées durant les jours gras de l’hiver. Les personnes sujettes aux infections urinaires et/ou souffrant de rhumatismes rapportent que la sève de bouleau a espacé voire annulé les crises. Riche en glucose, fructose, sélénium, calcium, magnésium et potassium, elle offre une palette de goûts qui diffèrent selon les arbres, leur biotope, la période de récolte. Comptez de 15 à 21 jours de cure et environ 300 à 500 ml de sève par jour pour un résultat optimal.
Prélever en conscience
Avant de vous lancer dans cette aventure, soyez respectueux et attentifs aux bonnes pratiques. Percer un arbre n’est pas anodin. Bien qu’il brasse jusqu’à 6 000 1Iitres de sève brute durant la montée printanière, ne prélevez que ce dont vous avez besoin. Commencez par un ou deux arbres et faites votre propre expérience en conscience pour éviter tout gaspillage ou risque de nuire à l’arbre. Donnez la sève que vous auriez en trop pour ne pas la gâcher.
Comment récolter la sève ?
Ingrédients et matériels :
- Des bouleaux d’un diamètre suffisamment large (environ 30 cm), non parasités par des champignons (ils sont déjà fatigués, pas besoin de leur imposer un perçage), loin des zones polluées ou des étangs (l’eau pourrait avoir un goût de vase)
- Une perceuse sans fil avec un foret de 8 mm
- Un tuyau en plastique alimentaire d’environ 1,2 m de long et de 8 mm de diamètre
- Des bidons en plastique alimentaire ou petites bonbonnes en terre
- Des torchons fins
- Des bouteilles en verre de 1 litre parfaitement lavées
- Un entonnoir
- Des filtres à café
1.La veille, pensez à recharger la batterie de votre perceuse. Lavez les tuyaux et les bidons à l’eau chaude savonneuse.
2. Le lendemain, direction le lieu de récolte. Sélectionnez un premier arbre. Percez idéalement entre 10 heures et 15 heures, période durant laquelle le flux de sève est à son apogée.
3. Placez le foret sur la perceuse. À hauteur de poitrine ou d’épaule (environ 1,50 m), faites un trou légèrement orienté vers le bas pour faciliter la coulée. Percez sur une profondeur d’environ 3 cm, jusqu’à ce que les copeaux de bois moussent autour du foret.
4. Enfoncez le tuyau dans le trou formé jusqu’à son maximum. Vous devez voir l’eau arriver dans le tuyau.
5. Placez la sortie du tuyau dans le bidon. Bouchez le goulot avec un linge pour éviter que de la poussière ou des insectes entrent dedans. Calez le bidon avec des morceaux de bois et couvrez-le avec des feuilles ou de la mousse pour protéger l’eau des éventuels rayons du soleil qui la chaufferai.
6. Prélevez la sève si possible tous les jours. Les quantités varient énormément. Cela peut aller de 200 ml à 3 litres par jour selon les spécimens. Filtrez-la dans un filtre à café calé dans un entonnoir.
7. Stockez-la dans des bouteilles en verre au réfrigérateur jusqu’à 2 à 3 jours. Consommez-la le plus rapidement possible. Après, elle fermente, se trouble et devient acide (elle est comestible, mais un peu moins agréable à boire).
8. Rebouchez le trou avec une cheville de 8 mm (ou du brai de bouleau ou du goudron norvégien). Il y a deux écoles : ceux qui estiment que l’arbre va cicatriser tout seul, comme il le ferait naturellement si une branche était cassée pendant la montée ; d’autres partent du principe qu’un petit pansement peut le soulager.
À SAVOIR :
La récolte est terminée quand l’arbre ne produit plus de sève, autrement dit quand la montée est terminée et que la période de débourrage (éclosions des bourgeons) commence. Ne percez pas le même arbre les années suivantes.
Texte et photos : Linda Louis
Ce DIY est à retrouver dans notre hors-série « Zéro déchet », où plein d’autres astuces récup’ vous attendent.