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samedi 23 novembre 2024
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Les éoliennes à la conquête des villes

À Arras dans les Hauts-de-France, la petite entreprise Unéole s’est lancée dans le pari de concevoir des éoliennes urbaines capables de générer de l’énergie à partir des vents inconstants en ville. Directement installées sur les toits plats des bâtiments, ces petites éoliennes ont le vent en poupe !

Pourquoi les grandes éoliennes blanches, de plus en plus présentes dans les campagnes, ne trouvent-elles pas leur place dans nos paysages urbains ? En cause, le manque d’espace mais aussi les vents très perturbés par les immeubles qui les rendraient peu productives. Pourtant ce sont bien les villes qui sont les plus gourmandes en énergie. Forte de ce constat, l’entreprise Unéole, située à Arras (62), s’était donné pour objectif de trouver une solution dès 2014. Son défi : proposer des solutions énergétiques adaptées aux contraintes urbaines. « Nous nous sommes rendus compte qu’en ville il y avait beaucoup de toits plats non exploités, alors qu’on peut y poser une petite éolienne qui récupère un peu de vent au lieu de le laisser simplement passer sans l’utiliser », confie Adrian Carrel, chargé de communication d’Unéole.

Après plusieurs prototypes, l’entreprise est parvenue en 2017 à mettre au point une éolienne optimisée pour récupérer des vents inconstants et perturbés. De type savonius, c’est-à-dire avec un axe vertical, cette éolienne est entièrement constituée d’aluminium recyclé et recyclable provenant de Dunkerque afin de réduire le coût carbone de sa production. Même si elles sont bien moins performantes que les éoliennes tripales en milieu rural, dont la production moyenne oscille entre 1 et 3 mégawatts, cette éolienne urbaine permet de produire 2 kilowatts ; soit suffisamment pour la moitié de la consommation d’une maison BBC (bâtiment basse consommation) de 4 personnes.

Adaptée aux toits plats des immeubles, l’offre d’Unéole ne vise pas à couvrir l’ensemble des besoins énergétiques d’un bâtiment, mais à s’inscrire dans une dynamique de construction de mix énergétique pertinent. « Ce n’est évidemment pas une solution magique. En revanche cette éolienne ne coute pas trop cher à la planète et permet de mettre en place un bon mix énergétique du bâtiment en fonction des besoins du client, que ce soit avec des éoliennes telles que la nôtre ou des panneaux solaires par exemple », relève Adrian Carrel. Si les éoliennes urbaines peuvent s’installer sur tout les toits plats, l’entreprise cible actuellement les bailleurs sociaux en prévision de la réglementation thermique 2020 (RT2020 ), selon laquelle les bâtiments construits après 2020 devront générer plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

Il est d’ores et déjà possible de croiser ces éoliennes dans différentes villes de la région comme à Arras sur des bâtiments publics, à la faculté des sciences appliquées de Béthune ou encore sur des immeubles à Tilloy-lès-Mofflaines.

Étudier le potentiel éolien de chaque quartier

Pour permettre la mise en place de mix énergétiques efficaces autour des énergies renouvelables, Unéole ne se contente pas de produire des éoliennes urbaines. L’entreprise s’est lancée depuis 2015 dans la prospection de gisements éoliens urbains. Le principe est simple : cartographier les villes pour déterminer les énergies renouvelables les mieux adaptées à chaque endroit. « Il n’y avait pas de cadastre éolien dans les villes. Notre objectif est de déterminer dans quel quartier le potentiel éolien est le plus fort puis d’étudier les toits plats de cette zone pour déterminer lesquels sont les plus à même de recevoir une éolienne urbaine », précise Adrian Carrel. Si jamais l’endroit n’est pas adapté à ce type d’énergie, l’entreprise espère à terme pouvoir développer des partenariats avec d’autres entreprises travaillant dans les énergies renouvelables. Le but est de pouvoir proposer des alternatives adaptées, comme le photovoltaïque ou la géothermie par exemple. Néanmoins, analyser les vents pour mettre en place ce cadastre demande beaucoup de temps et de moyens humains et technologiques. Pour effectuer une simulation précise des vents, il faut étudier chaque bâtiment, car les variations peuvent être importantes d’un mètre à l’autre. Pour le moment l’entreprise se limite à la simulation des vents à l’échelle des quartiers mais espère à terme pourvoir augmenter cette puissance de calcul à l’échelle d’une ville et pourquoi pas d’un pays entier.

Par Marion Mauger

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