Face à l’accélération de la crise climatique, de nombreuses initiatives citoyennes et collectives émergent pour mieux comprendre et agir. Parmi elles, La Fresque du Climat se distingue comme un outil pédagogique simple et puissant, qui a déjà conquis des milliers de personnes à travers le monde. Son but ? Permettre à chacun, en quelques heures seulement, d’avoir une vision globale et scientifique des causes et conséquences du dérèglement climatique, et ainsi passer à l’action.
Une méthode ludique et participative
Créée en 2018 par Cédric Ringenbach, La Fresque du Climat est un atelier collaboratif qui s’appuie sur les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Le principe : En petit groupe (souvent 6 à 8 personnes), les participants reçoivent des cartes illustrées représentant différents phénomènes liés au climat (effet de serre, fonte des glaces, acidification des océans, etc.).
L’objectif : Relier ces cartes entre elles de manière logique, pour construire un schéma cohérent des causes et conséquences du dérèglement climatique.
Pourquoi c’est marquant : L’aspect ludique et visuel facilite la compréhension de mécanismes parfois complexes, tout en créant une forte dynamique de groupe.
Au fil de l’atelier, chacun s’approprie la question climatique, découvre l’impact de ses choix de vie et réfléchit à des leviers d’action concrets.
Une explosion de l’intérêt citoyen
En seulement quelques années, La Fresque du Climat s’est déployée à une vitesse surprenante, notamment en France et en Europe.
Un succès exponentiel : Des milliers d’animateurs se sont formés, et des centaines de milliers de personnes ont déjà participé à un atelier (écoles, entreprises, associations, collectivités…).
Des publics variés : Du simple citoyen curieux au dirigeant d’entreprise, tout le monde peut s’initier. Les Fresques se déclinent même en milieu scolaire, dès le collège ou le lycée, pour éveiller les plus jeunes.
Un mouvement international : La Fresque a essaimé dans plus d’une cinquantaine de pays, s’adaptant aux différentes langues et cultures, preuve de l’universalité de la question climatique.
Pourquoi ça marche ?
Un format court et immersif : L’atelier dure généralement 3 heures, ce qui est assez bref pour garder l’attention et assez long pour approfondir les causes, les effets et imaginer des pistes d’action.
Un choc pédagogique : La visualisation en équipe des interconnexions (émissions de CO₂, rétroactions positives, impacts sur la biodiversité…) provoque souvent un déclic émotionnel et intellectuel.
Un esprit collectif : Chacun contribue à la construction de la fresque, partage ses connaissances ou ses questions. On sort du sentiment d’impuissance pour trouver des solutions ensemble.
Vers des engagements concrets
Si La Fresque du Climat est un outil de sensibilisation, elle se veut aussi un point de départ pour l’action.
- En entreprise : De plus en plus d’organisations intègrent l’atelier dans leurs formations internes pour stimuler de nouvelles politiques RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
- En milieu associatif : Les participants peuvent passer le flambeau et devenir eux-mêmes animateurs, diffusant la méthode dans d’autres cercles (voisins, amis, associations locales…).
- Au quotidien : L’atelier aide à prendre conscience de l’impact de nos modes de consommation, de transport ou d’alimentation, et donne envie de changer certains comportements (covoiturage, réduction des déchets, soutien aux énergies renouvelables, etc.).
Au-delà du diagnostic : impulser le changement
La Fresque du Climat ne s’arrête pas au constat. La dernière partie de l’atelier – souvent appelée la “phase de créativité” – invite chacun à imaginer des solutions.
- Exemples de pistes collectives : créer un potager partagé, lancer une dynamique zéro déchet, encourager la sobriété énergétique, investir dans des mobilités douces, etc.
- Mise en réseau : De nombreux participants poursuivent l’expérience en rejoignant des collectifs (Alternatiba, associations de défense de l’environnement, etc.) pour agir à plus grande échelle.
Comment participer ?
- Trouver un atelier : Il suffit de se rendre sur le site officiel de La Fresque du Climat ou de s’informer via les réseaux sociaux pour repérer les ateliers organisés près de chez soi.
- Devenir animateur : Après avoir participé à un premier atelier, vous pouvez vous former à l’animation, afin de diffuser vous-même cet outil autour de vous.
- Adaptations : Il existe des déclinaisons comme la Fresque du Numérique, la Fresque Océane, la Fresque de la Biodiversité, chacune abordant des enjeux spécifiques.
Envie d’aller plus loin ?
- Participez à un atelier Fresque du Climat près de chez vous, ou organisez-en un dans votre entourage.
- Formez-vous aux différentes Fresques thématiques (numérique, alimentation, etc.) pour approfondir vos compétences et sensibiliser plus largement autour de vous.
- Reliez-vous à d’autres actions concrètes pour accompagner votre prise de conscience (mobilités douces, sobriété énergétique, consommation responsable…).
Avec La Fresque du Climat, l’important n’est pas seulement de prendre connaissance d’une réalité complexe, mais de devenir acteur du changement, pas à pas. Car plus nous serons nombreux à prendre conscience de notre pouvoir de transformation, plus la transition écologique trouvera son élan, au bénéfice de tous.
En 2025, La Fresque fête ses 10 ans ! On fait le bilan ?
La Fresque du Climat a 10 ans : une décennie pour réveiller les consciences
Il y a dix ans, une idée simple mais puissante naissait autour d’une table : associer cartes et intelligence collective pour comprendre les rouages du dérèglement climatique. C’était le 17 avril 2015. Aujourd’hui, la Fresque du Climat est devenue un mouvement mondial. Présente dans plus de 160 pays, traduite en 50 langues, et adoptée par plus de 2 millions de participants, elle fête ses 10 ans d’existence.
Une pédagogie virale et bienveillante
À l’heure où la lutte contre la désinformation devient un défi démocratique, la Fresque propose un modèle pédagogique clair : s’approprier les connaissances scientifiques en les rendant lisibles et participatives. Pendant trois heures, les participants coopèrent, interrogent, dessinent les liens de cause à effet entre activités humaines, émissions, impacts et boucles de rétroaction. Le tout dans une approche non culpabilisante, mais structurante.
C’est l’antidote à l’éco-anxiété. Un outil qui ne donne pas de leçon mais éclaire, donne prise, permet l’action.
Une graine qui a germé partout
En 2018, la Fresque passe d’expérimentation à essaimage, notamment grâce à son implantation dans l’enseignement supérieur. Un modèle d’essaimage organique se met en place : chaque animateur peut former d’autres animateurs, créant une boucle vertueuse d’autonomisation.
Aujourd’hui, plus de 90 000 fresqueurs font vivre l’outil partout dans le monde, dans les écoles, les entreprises, les mairies, les associations. Des variantes sont nées (biodiversité, numérique, économie circulaire), prolongeant l’élan pédagogique initial.
Et maintenant ?
Pour Cédric Ringenbach, son créateur, « il est temps de sortir du triangle de l’inaction où chacun attend que l’autre agisse. Le climat est un bien commun. Sa préservation dépend de nous toutes et tous. »
Du côté de la glaciologue Heidi Sevestre, le message est clair : « La Fresque éveille et réveille. Elle est une rampe de lancement vers des solutions. »
À 10 ans, la Fresque du Climat est un mouvement citoyen, un vecteur de reliance, un appel à transformer nos récits autant que nos systèmes. Elle nous rappelle qu’il n’est pas trop tard pour comprendre, transmettre et agir.