Pour son manque de responsabilité environnementale et sociale
Le 17 mars 2025, les ONG Bloom et Foodwatch ont déposé une plainte contre Carrefour, l’accusant de ne pas respecter son devoir de vigilance dans sa filière thonière. Après deux ans de tentatives infructueuses pour amener l’enseigne à modifier ses pratiques, les associations se tournent vers la justice pour faire pression sur le distributeur afin qu’il mette fin à ses approvisionnements en thon pêché de manière destructrice et qu’il prenne enfin des mesures pour limiter les risques de contamination au mercure.
Des pratiques de pêche destructrices
Les ONG dénoncent la persistance de Carrefour à s’approvisionner en thon provenant de méthodes de pêche intensives utilisant des dispositifs de concentration de poissons (DCP). Ces techniques, qui entraînent la surexploitation des stocks de thon et des dommages considérables pour la faune marine, sont en grande partie responsables de la dégradation des écosystèmes marins. La pression exercée sur Carrefour vise à l’obliger à mettre un terme à ces pratiques et à s’assurer que ses produits ne contribuent pas à la dégradation des océans.
La menace du mercure
Par ailleurs, la question de la contamination par le mercure est au cœur du contentieux. Bloom et Foodwatch exigent que Carrefour impose un seuil maximal de 0,3 mg/kg de mercure dans ses conserves de thon, une demande qui, selon les associations, a été ignorée par le géant de la distribution. Le mercure est un contaminant toxique pour la santé humaine, et sa présence dans le thon en conserve soulève des inquiétudes majeures pour la santé des consommateurs. Un test mené par Bloom en 2024 a révélé que toutes les boîtes de thon analysées dans cinq pays européens étaient contaminées, illustrant l’ampleur du problème.

Sept stratégies d’évitement
Dans son rapport Carrefour : le cynisme, Bloom détaille sept stratégies que l’enseigne utilise pour échapper à sa responsabilité. Ces stratégies permettent à Carrefour de se présenter comme un acteur responsable tout en continuant à s’approvisionner dans des conditions éthiquement douteuses. Selon Bloom et Foodwatch, ces manœuvres sont une tentative d’ »éviter l’action » et de « masquer l’immobilisme » de l’entreprise dans la transition vers des pratiques plus durables et responsables.
L’espoir d’un changement radical
Les ONG espèrent que cette action en justice obligera Carrefour à prendre des mesures concrètes pour améliorer la traçabilité de sa chaîne d’approvisionnement et garantir la sécurité alimentaire des consommateurs. Elles souhaitent que cette affaire serve de précédent pour inciter l’ensemble de la filière thonière à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement et des droits humains.
Carrefour, qui a jusqu’ici bloqué tout dialogue constructif avec les ONG, se trouve désormais dans la ligne de mire de la justice. Bloom et Foodwatch espèrent que cette action incitera non seulement le groupe à agir, mais qu’elle donnera également un coup de pouce à une transformation plus large de la filière thonière, incitant les autres distributeurs à emboîter le pas.
Avec cette plainte, les deux organisations cherchent à enclencher une prise de conscience collective et à ouvrir la voie à une transformation en profondeur de l’industrie du thon en conserve. Pour les consommateurs, cette affaire soulève des questions cruciales sur la transparence des chaînes d’approvisionnement et les engagements réels des grandes surfaces en matière de durabilité.