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vendredi 14 mars 2025
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PROGRÈS OU IMPOSTURE ? QUAND L’INNOVATION DÉVORE LE VIVANT

L’INNOVATION SE FAIT-ELLE AU DÉTRIMENT DU VIVANT ?

Chaque jour, une nouvelle avancée technologique est célébrée comme une prouesse inévitable. Intelligence artificielle, transition numérique, « révolution verte »… Le récit dominant nous répète que l’innovation est notre seule issue, notre seule voie vers un avenir meilleur. Mais meilleur pour qui ?

Derrière ces promesses, une réalité brutale se dessine : un modèle de progrès énergivore, destructeur et profondément déconnecté du vivant. Loin de résoudre nos crises, cette fuite en avant ne fait que repousser les limites du désastre écologique et social.

LES PROMESSES DE L’INNOVATION… ET LA RÉALITÉ DU TERRAIN

L’innovation a toujours été un moteur de transformation. On nous assure qu’elle nous sauvera : mieux produire, mieux consommer, mieux anticiper les crises.

Mais regardons les faits. Derrière chaque « progrès », une empreinte écologique titanesque.

  • Le numérique, « dématérialisé » ? Des data centers qui engloutissent l’équivalent de villes entières en électricité.
  • L’agriculture « intelligente » ? Un modèle piloté par des algorithmes, sans interaction avec le sol vivant.
  • Les promesses d’une transition énergétique rapide ? Un pillage exponentiel de métaux rares, au profit d’une industrie déjà en position de monopole.

Derrière l’innovation, il y a toujours une extraction. Une surexploitation. Une privatisation. Ce que nous appelons « révolution technologique » est souvent un cheval de Troie pour la marchandisation du monde.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET ÉCOLOGIE : UN PROGRÈS ÉNERGIVORE

L’IA est vendue comme un outil de sobriété énergétique, capable d’optimiser les réseaux électriques, de réguler les flux de consommation et même d’aider à la gestion des ressources naturelles.

Mais à quel prix ?

Selon l’ONG Beyond Fossil Fuels, les data centers, qui alimentent l’IA et les géants du numérique, pourraient consommer plus d’électricité que l’ensemble de l’Espagne d’ici 2030. Leur empreinte carbone explose : 39 millions de tonnes de CO₂ émises chaque année en Europe d’ici cinq ans, soit plus que les émissions cumulées de la Lituanie et de l’Estonie.

En parallèle, cette voracité énergétique freine la véritable transition. L’électricité nécessaire à ces infrastructures manque ailleurs : pour électrifier les transports, décarboner l’industrie, rendre les bâtiments autonomes.

Le numérique devait nous aider à sortir des énergies fossiles. Il en devient un accélérateur.

UNE RÉVOLUTION VERTE SOUS CONTRÔLE INDUSTRIEL

Et l’agriculture dans tout ça ? Là aussi, la promesse d’un « progrès » est en marche. Viandes cultivées en laboratoire, algues OGM, fermes verticales automatisées… Des solutions miracles, à en croire leurs promoteurs.

Sauf que derrière ces « innovations », on retrouve les mêmes multinationales qui détruisent le vivant depuis des décennies. Leur but n’est pas de nourrir durablement, mais de verrouiller l’accès aux semences, de breveter le vivant, d’accroître la dépendance des agriculteurs aux intrants industriels.

Prenons l’exemple de la viande synthétique. Présentée comme une alternative durable à l’élevage intensif, elle concentrerait aujourd’hui une part importante des investissements agricoles aux États-Unis, notamment de la part de grandes entreprises technologiques et financières. Pendant ce temps, l’agroécologie, pourtant soutenue par la FAO et de nombreuses études scientifiques pour son potentiel à nourrir durablement la population tout en régénérant les sols, semblerait peiner à obtenir des financements. Si les fonds se dirigent principalement vers des solutions industrielles brevetables, cela pourrait indiquer un choix stratégique favorisant des modèles plus rentables à court terme, au détriment d’approches plus résilientes.

Pourquoi ? Parce que l’innovation qui libère et redonne du pouvoir aux populations n’intéresse pas l’industrie. Ce qui les attire, c’est l’innovation qui enferme, qui crée de nouveaux marchés captifs, qui privatise l’accès au vivant.

CHANGER LE LOGICIEL : VERS UNE INNOVATION QUI SERVE LE VIVANT ?

Alors, faut-il renoncer à toute innovation ? Évidemment non. Mais il est temps de redéfinir ce que nous appelons progrès.

Nous avons besoin d’une innovation qui régénère, pas qui détruit. Une innovation pensée en fonction des limites planétaires, pas selon les ambitions de la Silicon Valley ou des fonds d’investissement.

QUELLES ALTERNATIVES EXISTENT DÉJÀ ?

💡 Les low-techs : Des technologies accessibles, réparables et peu énergivores, qui s’appuient sur le bon sens et l’ingéniosité locale.
💡 La sobriété numérique : Réduire la consommation d’IA inutile, relocaliser les serveurs, prolonger la durée de vie des équipements.
💡 L’agroécologie et la permaculture : Des pratiques déjà éprouvées, qui nourrissent mieux sans artificialiser les sols.
💡 Les circuits courts et l’économie circulaire : Repenser nos modes de production et de consommation pour sortir du modèle linéaire « extraire, produire, jeter ».

NE PAS SUBIR, MAIS REPRENDRE LE CONTRÔLE

Si nous ne changeons pas de cap, l’innovation continuera de se faire contre nous, contre les peuples, contre le vivant.

Nous avons le choix :

Laisser quelques grandes entreprises décider du futur du monde sous prétexte de progrès, ou repenser l’innovation comme un levier de résilience, au service du bien commun.

Alors la question est là : allons-nous continuer à applaudir un progrès qui détruit ce qui nous fait vivre, ou allons-nous exiger une autre voie ?

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