Alors que le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle a débuté cette semaine au Grand Palais à Paris, l’ONG Beyond Fossil Fuels tire la sonnette d’alarme : l’essor fulgurant de l’IA risque d’aggraver la crise climatique. Dans un rapport publié ce 10 février, l’organisation met en lumière le coût énergétique exorbitant des centres de données, essentiels aux technologies d’IA, et leurs répercussions sur la transition écologique.
L’IA, UNE CONSOMMATRICE ÉNERGÉTIQUE INSATIABLE
Les infrastructures nécessaires au développement de l’intelligence artificielle, en particulier les data centers, sont de véritables gouffres énergétiques. Selon l’ONG, leur consommation pourrait bondir de 160 % d’ici 2030, atteignant 287 TWh, soit l’équivalent de la consommation électrique de l’Espagne en 2022.
Cette explosion énergétique pourrait entraîner une hausse massive des émissions de gaz à effet de serre, estimée à 39 millions de tonnes de CO² par an d’ici 2030, soit plus que les émissions annuelles combinées de la Lituanie et de l’Estonie. Un paradoxe pour une technologie souvent perçue comme un levier d’optimisation énergétique.
UN RISQUE POUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
Au-delà de son empreinte carbone directe, l’expansion de l’IA pourrait freiner des secteurs clés de la transition énergétique, notamment l’électrification des transports et de l’industrie. L’augmentation de la demande en électricité des data centers risque de raréfier l’énergie disponible pour d’autres usages stratégiques, ralentissant ainsi les efforts de décarbonation.
L’ONG Beyond Fossil Fuels et plus de 100 organisations de la société civile appellent aujourd’hui les décideurs réunis à Paris à prendre des mesures pour réguler l’impact environnemental de l’IA.
VERS UNE IA PLUS ÉCO-RESPONSABLE ?
Si l’IA est souvent présentée comme un atout pour la transition écologique – par son rôle dans l’optimisation énergétique, la gestion intelligente des réseaux électriques ou la réduction du gaspillage – son empreinte environnementale propre ne peut être ignorée.
Plusieurs pistes existent pour limiter son impact :
- Développer des infrastructures moins énergivores, avec des serveurs alimentés par des énergies renouvelables.
- Améliorer l’efficacité des algorithmes, en limitant les modèles trop gourmands en ressources informatiques.
- Encourager la mutualisation des ressources, via des solutions de cloud computing moins énergivores.
- Intégrer des critères environnementaux dans la régulation des technologies d’IA, pour une innovation responsable.
Alors que l’intelligence artificielle devient un pilier de la transformation numérique, sa compatibilité avec la transition écologique est plus que jamais un enjeu majeur.
