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lundi 3 février 2025
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Supermarchés, du poison pour les plus précaires ?

Supermarchés et malbouffe : dans les rayons, les produits les moins chers sont les plus sucrés, un poison pour les plus précaires

Dans les rayons des supermarchés, une réalité révoltante se dessine : les produits les moins chers, souvent vendus sous marques de distributeur, regorgent de sucre ajouté, tandis que les produits plus chers sont paradoxalement les moins sucrés. Cette inégalité nutritionnelle, mise en lumière par une récente enquête de Foodwatch, révèle un système alimentaire à deux vitesses qui sacrifie la santé des plus modestes sur l’autel du profit.

Le sucre : l’arme silencieuse des marques de distributeur

Les données sont accablantes. Sur plus de 400 produits analysés, 85 % contiennent des sucres ajoutés. Et non, il ne s’agit pas de friandises ou de sodas, mais de produits du quotidien : conserves de légumes, pains de mie, sauces ou pizzas. Ce sucre, omniprésent dans les produits bon marché, ne relève pas de l’innocence : il est là pour masquer une qualité souvent médiocre et fidéliser les consommateurs au goût sucré.

Comment expliquer cette stratégie ? Les industriels savent que le sucre, peu coûteux, agit comme un dopant sensoriel. Résultat : les classes populaires, pour qui chaque centime compte, sont exposées à une alimentation plus sucrée, avec des conséquences désastreuses pour leur santé.

Santé ou portefeuille : un choix indécent

Foodwatch a découvert que les produits les moins chers contiennent systématiquement plus de sucre que leurs équivalents haut de gamme. Prenez un pot de mayonnaise ou une conserve de petits pois : pour acheter moins sucré, il faut payer plus cher. Ce constat révoltant met en lumière une vérité dérangeante : dans les supermarchés français, la santé est devenue un luxe.

Les enseignes de la grande distribution – Carrefour, Auchan, E. Leclerc, Intermarché et Coopérative U – revendiquent pourtant haut et fort leur engagement pour le pouvoir d’achat. Mais leur modèle économique repose sur des recettes à bas coût et peu nutritives, plaçant les consommateurs à revenus modestes dans une spirale infernale de malbouffe et de problèmes de santé.

Un marché à deux vitesses, une discrimination inacceptable

Au-delà du problème de santé publique, cette situation est profondément injuste. Pourquoi les plus précaires devraient-ils être condamnés à une alimentation de moindre qualité ? Pourquoi les géants de la distribution s’exonèrent-ils de leur responsabilité, alors qu’ils sont les premiers fabricants de ces produits de marques distributeur ?

La réponse est simple : l’obsession du profit. En priorisant les marges sur la qualité, ces enseignes trahissent leurs consommateurs tout en se parant d’un vernis de bienveillance. Mais à quel prix ? Celui de l’explosion des cas de diabète, d’obésité et de maladies cardiovasculaires.

Les solutions existent, mais la volonté manque

La responsabilité des distributeurs est immense. En tant que fabricants, ils doivent impérativement reformuler leurs recettes pour réduire le sucre ajouté dans leurs produits. En tant que vendeurs, ils doivent cesser d’encourager une consommation nuisible à travers des prix agressifs et des campagnes de marketing trompeuses.

Quant aux consommateurs, il est urgent de prendre conscience des pratiques de ces enseignes. Boycotter les produits les plus sucrés, signer des pétitions comme celle de Foodwatch, ou encore privilégier des circuits courts et des produits bruts sont autant de gestes qui peuvent, à terme, inverser la tendance.

Mais soyons clairs : il ne revient pas aux individus de corriger seuls un système défaillant. C’est aux industriels et aux distributeurs de prendre leurs responsabilités. Il est temps que l’État impose des réglementations plus strictes sur la composition des produits alimentaires et taxe les excès de sucre, comme il l’a fait pour d’autres substances nocives.

Un appel à l’action collective

Les grandes enseignes ne changeront pas d’elles-mêmes. Il faudra les y contraindre, par la pression citoyenne, médiatique et législative. Refuser ce marché à deux vitesses, c’est exiger un système alimentaire plus équitable et plus sain, où la santé ne sera plus un privilège réservé à ceux qui peuvent se le permettre.

La malbouffe n’est pas une fatalité, mais le produit d’un système pensé pour maximiser les profits au détriment de la santé publique. Ensemble, mettons fin à cette injustice.

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