Dans ma vie quotidienne (et celle de mes enfants), il y a définitivement eu un « avant » et un « après » Yuka. Avant Yuka, la façon dont nous faisions nos courses était assez simple : le choix des produits se faisait principalement sur la marque et sa notoriété, le prix, et le nutri-score. Comme on le sait plus ou moins, le nutri score ne comptabilise pas les additifs. C’est un simple calcul faisant la différence, pour une quantité donnée de produit, entre ses composantes négatives (sucres, sel, acides gras saturés) et positives (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque, huile de colza, olive et noix)[1], son but étant simplement de donner une information quant aux qualités nutritionnelles des produits. Mais rien sur les additifs.
Grâce à l’application Yuka, les consommateurs que nous sommes peuvent faire un choix informé en scannant tout simplement le code-barre des produits afin de découvrir ce qui se cache vraiment derrière l’emballage (et derrière le nutri-score) : sucre, sel, calorie, graisses saturées, fibres, qualité des protéines, et surtout, les additifs.
Si mes enfants ont dû dire adieu à certains biscuits ou pizzas industrielles en raison de leur très faible score sur l’application, j’ai quant à moi éprouvé une certaine colère face aux industriels, et aussi au législateur. Je me suis souvent interrogée sur le fait de savoir pourquoi les industriels continuaient de nous empoisonner avec des additifs dangereux pour notre santé, et pourquoi le législateur ne faisait rien.
Depuis Yuka, je peux décider en toute conscience de continuer à consommer des produits avec des additifs à risque (ou pas…) et surtout, depuis le 19 novembre, tout utilisateur de l’application peut interpeller l’industriel en question. Soit en envoyant un email pré-rédigé par Yuka depuis l’application (qui sera envoyé depuis votre boite mail), soit en interpellant la marque sur les réseaux sociaux.
La transparence dans nos assiettes, que la fondatrice de Yuka, Julie Chapon, a permis à des millions d’utilisateurs d’obtenir, permet aujourd’hui de mettre en cause les industriels et les marques quant à leurs choix de composants nocifs et toxiques pour notre santé, et celle de nos enfants, et à leur demander expressément de les retirer. La transparence force la responsabilité, et on ne peut que saluer ce mouvement et y adhérer.
Le chemin parcouru par Yuka pour permettre aux consommateurs d’alerter les industriels n’a pas été aisé : en effet, poursuivi par la fédération des charcutiers en 2021 pour « pratiques commerciales trompeuses » et « dénigrement », c’est en juin 2023 que l’application gagne son procès. La cour d’appel avait reconnu son droit à alerter les consommateurs sur les risques pour la santé causés par la consommation des nitrites ; ces risques étant également confirmé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Il n’y a en effet plus de doute selon l’ANSES qui confirmait en juillet 2022 « l’existence d’une association entre le risque de cancer colorectal et l’exposition aux nitrites et/ou aux nitrates »[2].
[1] https://www.economie.gouv.fr/entreprises/nutri-score#
[2] https://www.anses.fr/fr/content/réduire-l’exposition-aux-nitrites-et-aux-nitrates-dans-l’alimentation