Une population à bout face à des infrastructures défaillantes.
Début septembre, plusieurs quartiers de la Guadeloupe ont subi de nouvelles coupures d’eau, aggravant une crise qui s’éternise et mettant en lumière l’incapacité des autorités à fournir une réponse adéquate.
Dans certaines zones, l’accès à l’eau potable a été interrompu pendant neuf jours consécutifs, forçant les habitants à trouver des solutions de fortune pour se laver ou cuisiner. Les coupures, organisées par le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe (SMGEAG), résultent de l’état catastrophique du réseau hydraulique. Entre 60 et 70 % de l’eau s’échappe à cause des fuites, mettant en péril l’approvisionnement quotidien.
Sans installations adéquates, certains foyers ont dû se tourner vers des dispositifs onéreux pour produire de l’eau à partir de l’humidité de l’air. D’autres, moins équipés, dépendent entièrement de l’achat de packs d’eau pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Cette situation, qui dure depuis plusieurs années, génère des dépenses importantes pour les ménages, déjà accablés par des factures d’eau pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros par an, malgré un service de plus en plus déficient.
Le mécontentement croissant s’est traduit par une augmentation des impayés. Depuis la création du SMGEAG en 2021, le taux de factures non réglées n’a cessé de grimper, atteignant 43 % en 2023, contre 23 % deux ans plus tôt. Face à cette situation, les autorités ont décidé de geler une partie des subventions destinées à l’exploitation du réseau, freinant ainsi les investissements nécessaires pour moderniser les infrastructures.
En parallèle, les problèmes d’assainissement continuent de poser de graves risques environnementaux. Des quantités importantes d’eaux usées se déversent dans la nature et les zones côtières, menaçant les plages et les rivières de l’île. Selon les données les plus récentes, la qualité des eaux de baignade a chuté, avec une hausse inquiétante du nombre de sites classés comme impropres.
Malgré un plan d’investissement révisé de 247 millions d’euros pour 2023-2027, les efforts pour résoudre les fuites dans le réseau restent insuffisants. Les réparations actuelles ne concernent que les fuites visibles, laissant les fuites souterraines se poursuivre, notamment autour des principales infrastructures d’approvisionnement.
Cette défaillance chronique des infrastructures hydrauliques, combinée à une gestion inefficace, place de nombreux foyers dans une situation intenable. Les habitants des régions les plus touchées, notamment ceux vivant en altitude, subissent des coupures régulières dues à une pression d’eau insuffisante. Sans solutions rapides et durables, la crise de l’eau en Guadeloupe risque de perdurer, accentuant les frustrations et le sentiment d’abandon parmi la population.