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jeudi 21 novembre 2024
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Des scientifiques se rebellent contre l’inaction climatique

Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, ou encore en France, des scientifiques se mobilisent pour alerter sur l’urgence à agir face au réchauffement climatique. Ce mouvement international de désobéissance civile, Scientists Rebellion, a été crée en 2020 sur le modèle d’Extinction Rebellion. Leurs modes d’actions : des grèves scientifiques (arrêt des travaux en cours pour se concentrer sur un sujet urgent, comme le climat), des occupations de lieux symboliques, ou des conférences « sauvages ».

Le 9 avril dernier, des scientifiques s’introduisent dans le siège de la banque JP Morgan Chase à Los Angeles pour dénoncer ses investissements continus dans les énergies fossiles. Peter Kalmus, chercheur de renom à la Nasa, s’enchaîne alors à la porte d’entrée et tient un discours alarmant sur le réchauffement climatique. Cette scène retentissante est partagée des millions de fois sur les réseaux sociaux. Elle n’est pourtant pas complètement unique. Ce même-jour, mille autres scientifiques ont manifesté dans le monde entier pour porter ce message, à la suite notamment de la dernière publication du GIEC, avec le collectif Scientists Rebellion.

Créé en 2020 par deux doctorants en physique du prestigieux Saint Andrews College en Ecosse, ce mouvement international vise à « exposer la réalité et la gravité de l’urgence climatique et écologique ». « La taille des populations de mammifères, d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens et de reptiles a connu une baisse moyenne alarmante de 68 % depuis 1970, ainsi qu’un effondrement apparent des populations de pollinisateurs », rappellent-ils dans leur lettre de revendications, avant de pointer du doigt l’appât du gain et l’inaction des gouvernements et des entreprises. Cette lettre présente plus de 200 signataires, dont Pablo Servigne.

Des scientifiques ont occupé le Muséum national d’histoire naturelle à Paris le samedi 9 avril pour protester contre l’inaction face au réchauffement climatique. (Source : Twitter de Scientist Rebellion)

De la conférence sauvage à la grève scientifique

Ce mouvement s’est essaimé en France, où une centaine de scientifiques issus de diverses disciplines sont mobilisés. Certains sont affiliés à Scientists Rebellion, d’autres au groupe national Les Scientifiques en Rebellion, ou encore au groupe XR Scientists. Si les modes d’actions de ces collectifs peuvent diverger un peu, ces derniers s’inscrivent dans une même logique. « Ils commencent à converger pour mener des manifestations en commun », se réjouit Elodie Vercken, écologue à Nice, qui s’est investie dans ce mouvement en début d’année.

Cette chercheuse à l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) de la technopole Sofia Antipolis mène depuis avril dernier une grève scientifique. Cela consiste à arrêter ses recherches en cours pour réorienter son temps de travail vers un sujet considéré comme urgent, tel que le climat. L’enjeu : « Sensibiliser les collègues et questionner chacun sur ses propres pratiques de la science », selon Elodie Vercken.

Cette dernière fait aussi partie d’un groupe local de Scientifiques en rébellion à Nice qui mène des actions de sensibilisation auprès d’étudiants et du grand public. Des conférences dans la rue (« conférences sauvages »), ou encore des animations théâtralisées, comme les Murder Party[1] sur le thème de la 6e extinction de masse.

« A quoi sert la science ? »

Elodie Vercken a découvert cette « rébellion de chercheurs » lors de la COP26 à Glasgow en novembre 2021. Suite à diverses actions, comme le blocage d’un pont, plusieurs scientifiques avaient été arrêtés. « J’ai été frappée par leur message qui met les scientifiques face à leurs propres contradictions en les questionnant : « Quelles sont vos priorités ? Continuer à écrire pour faire progresser votre carrière alors que votre maison s’écroule autour de vous, et que vous le savez très bien, ou sauver la maison ? Etant donné l’état de nos connaissances actuelles, il est difficile de continuer le business as usual », témoigne l’écologue.

Les scientifiques en rébellion de Nice mènent une « conférence sauvage » pour sensibiliser les passants au réchauffement climatique. (Source : Twitter de « Scientifiques en rébellion Nice »)

Pour cette chercheuse, ce mouvement questionne en effet le rôle des scientifiques et de la science plus largement. « Nous devons produire des connaissances pour éclairer les choix de société. Mais aujourd’hui, le contrat est rompu, car notre parole n’est pas écoutée. On nous répète “C’est important ce que vous faites, continuez à travailler“, pourtant rien ne suit », se désole Elodie Vercken, qui reconnaît que l’incompréhension et les rires face aux alertes des scientifiques sur une imminente fin du monde dans le film Don’t look up ont fait tristement écho dans sa communauté.

Autre point de mécontentement de ces scientifiques mobilisés : « La propagande technoscientiste » des décideurs politiques qui promettent des solutions technologiques à développer pour répondre au réchauffement climatique. « Nous n’avons plus le temps », tranche la chercheuse.

En sensibilisant le grand public, « en leur donnant les informations », les scientifiques espèrent transformer une action politique plutôt « descendante » en une action politique « ascendante », impulsée par le peuple. Pour avoir plus d’écho auprès des citoyen.ne.s, Elodie Vercken souhaiterait développer entre les divers groupes locaux des actions coordonnées dans différents campus et dans différentes villes. « Montrer que l’on fait face à une urgence commune », conclut la scientifique.

[1] Jeu consistant à résoudre une énigme policière, en incarnant les protagonistes de l’histoire.


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Des camps climat pour se former à la désobéissance civile

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