La réflexologie est une méthode de massage qui travaille les zones dites « réflexes » des pieds, des mains ou du crâne. La pratique douce influe sur le système immunitaire, respiratoire, digestif et nerveux en prônant des correspondances entre les extrémités du corps et les organes ou les nerfs.
Mardi, 18 h 30, dans le cabinet de réflexologie de Myriam Ferron à Paris, Carole vient pour la première fois, après sa journée de travail. L’administratrice de production de 50 ans est une habituée des médecines traditionnelles chinoises. Myriam Ferron précède toujours la séance par un entretien d’une dizaine de minutes sur les antécédents médicaux et les attentes du client. « J’ai des problèmes de respiration. J’ai l’impression d’avoir comme une éponge ou un ballon qui ne se vide pas totalement », explique Carole dont les tensions et des douleurs se sont déclenchés suite à la perte d’un proche.
Lumière tamisée et musique douce, la séance se déroule dans une ambiance cocooning. Carole s’allonge sur la table de massage recouverte d’un drap. « Il est possible que vous ayez envie de dormir », prévient Myriam Ferron qui accompagne la cliente pour un exercice de respiration avec le diaphragme. « Suivez le mouvement de mes mains, inspirez par le nez et expirez par la bouche. Répétez l’exercice 3 fois ». Pendant une heure, la réflexologue malaxe et exerce des pressions sur les pieds, plus intensément sur les zones en lien avec le système ORL et respiratoire.
La réflexologie plantaire ne date pas d’hier, sa doctrine remonte à la médecine chinoise ancestrale et à la civilisation égyptienne. Les hiéroglyphes, d’un papyrus trouvé dans la tombe d’un médecin égyptien environ 2300 av. J. – C, évoquaient déjà la pratique du toucher et de la manipulation des pieds. Méthode douce et naturelle qui peut accompagner un traitement médical, la réflexologie fait aujourd’hui partie des médecines complémentaires.
Carole semble s’endormir, apaisée. Une fois la séance terminée, Carole se « réveille » doucement et partage ses impressions : « Pendant la première partie de la séance, j’étais quasiment endormie. La seconde partie, j’étais davantage consciente. » « Cet état entre veille et sommeil correspond au mode Alpha », explique la réflexologue. « Il y a quelque chose qui s’est libéré au niveau de la poitrine, l’éponge et le ballon ont été vidé », remarque Carole, également sujette aux insomnies et à des douleurs passagères aux pieds. « Il faut du temps et beaucoup de douceur pour détricoter des problèmes plus ancrés », précise la thérapeute. Le temps d’efficacité dépendant de chacun.
Pourquoi les pieds ?
Bien que la réflexologie puisse être au niveau palmaire, facial, crânien, (idéal pour les migraines) auriculaire ou nasal, le plantaire est le plus réputé. Car le pied occupe une place primordiale par ses correspondances avec les zones corporelles telles que les organes ou les glandes. Il serait la représentation du corps en miniature.
En Occident, c’est le chirurgien américain William Fitzgerald qui fut à l’origine de cette « thérapie zonale » en 1917, en constatant la diminution de la douleur de ses patients par une pression sur leur doigt ou leur orteil. Le médecin proposa alors un découpage du corps en 10 zones longitudinales et verticales, du haut de la tête au bout des pieds. 10 zones énergétiques liées à des endroits précis du corps, appelées les zones réflexes. Sa collaboratrice, la physiothérapeute Eunice Ingham mit au point la cartographie des zones réflexes plantaires et palmaires. Les cartographies utilisées par les réflexologues schématisent les zones réflexes correspondantes aux parties ou aux organes du corps plus ou moins éloignées d’elles.
Carte de réflexologie plantaire @reflexovisu
« Je me concentre sur le plantaire pour travailler sur les racines et sur cette prise de terre. Cette énergie est beaucoup plus primitive, archaïque. Je me focalise sur le défaut d’ancrage de la personne que je peux re-polariser, ramener à ses pieds », explique la réflexologue Gwenn Libouban, auteure du livre L’Homme est un arbre qui marche (Marabout, 2018). Au niveau des pieds, se trouvent des terminaisons liées aux organes et aux fonctions du corps. « Quand je stimule ces zones, je sens si elles sont stressées, encombrées, creuses ou s’il y a un vide énergétique. Ainsi, je vois si elles ont besoin d’être drainées ou boostées afin de les rééquilibrer », poursuit la thérapeute sur ces actions à distance.
Toute la charge corporelle repose sur nos pieds qui respirent rarement. En été, bottes et grosses chaussettes laissent place aux chaussures ouvertes. Nos petits orteils ont besoin de liberté. « On peut faire rouler une petite balle sous nos pieds. Sur des sols qui stimulent les capteurs sensitifs, la marche produit un auto-massage. Marcher pieds nus nous recontacte avec les éléments », révèle Gwenn Libouban. L’influence bénéfique de la Terre-Mère serait recueillie par la marche pieds-nus selon les peuples de l’antiquité et certains peuples racines.
Rétablir l’équilibre physique, psychique et émotionnel
La réflexologie aurait donc la capacité d’agir sur l’ensemble de l’organisme ou de diminuer une douleur liée à une pathologie. Elle réactive la vitalité du corps. La méthode détend les muscles et relâche les tensions qui apportent ainsi relaxation et diminution des effets du stress. Marie, 35 ans, avocate en droit des affaires, souffrait de migraine et de stress liés à son travail. « Pendant la séance, j’étais quasiment endormie. À la fin de la séance, je l’étais totalement. J’étais accrochée à la table. Impossible de bouger alors que je suis plutôt de nature speed ! », confie-t-elle.
Idem pour Denis, joaillier à la retraite qui est allée voir Myriam Ferron sur les conseils de son ostéopathe : « Mon ancien métier me créait des tensions violentes. Je me suis senti en pleine forme le lendemain. Au-delà d’un simple massage, cela provoque des réactions profondes dans le corps. » La réflexologie améliorerait ainsi la circulation sanguine et l’influx nerveux tout en harmonisant l’énergie des organes vitaux. Des effets qui contribuent au maintien de l’équilibre physiologique.
« Tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime », dit le vieil adage qui se conforme bien à la réflexologie, car le corps porte tous les traumatismes vécus. Un vécu que perçoivent Myriam Ferron et Gwenn Libouban chez leurs clients. « Je voyage dans l’histoire et dans la genèse de la pathologie. On relance le vivant dans le corps de la personne, celle-ci dialogue intimement avec ce corps qui essaye de dire quelque choses. Au fur et à mesure, la personne prend conscience qu’elle est responsable de sa santé, de son bien-être et en devient un acteur. On se sent moins prisonnier d’un corps qui ne nous correspond pas et qui ne va plus nous envoyer des signaux , qu’on n’arrive pas à décrypter », explique Gwenn Libouban. Par cette prise de conscience, la réflexologie agit également au niveau mental et émotionnel. « Myriam m’a fait travailler sur la charge mentale que je m’influais et l’importance de prendre de temps pour moi », raconte Marie.
Myriam Ferron effectue des points de pression sur les zones réflexes des pieds de Carole @Louna Boulay
Une pratique qui s’adresse du nourrisson au senior
La réflexologie est aussi une technique manuelle douce idéale pour les personnes âgées qui ne peuvent pas se faire manipuler facilement. « Se faire masser les pieds et les mains reste une pratique à la bonne distance, plus adaptée à un public plus fragile », remarque Gwenn Libouban.
Entre angoisses des nuits agitées et coliques, les nourrissons peuvent également ressentir les vertus de soulagement par la réflexologie. Avec les petits, le toucher des pieds est assez simple d’accès et ludique. « La séance sera plus courte. Mais pendant ce moment d’échange avec les parents, je peux leur montrer des massages ou des points à stimuler. Un rituel qui peut s’inscrire dans le fonctionnement de la relation parentale », développe la réflexologue.
Les nombreux maux des futurs mamans peuvent aussi être soignés par la réflexologie qui soulage des problèmes digestifs ou de dos, régule et améliore la circulation sanguine. « Dans le pré-accouchement et dans le déroulement de la grossesse, il n’y a pas de contre-indication à cette thérapie quand on sait utiliser les points puissants qu’on stimule », atteste Gwenn Libouban.
Un complément aux soins palliatifs
Si des effets bénéfiques peuvent être ressentis dès la première séance, il faut en compter un peu plus pour soulager des symptômes de maladies sévères comme la sclérose en plaques. Cette dernière génère des crispations et des problèmes de mobilités sérieuses chez Bénédicte, 57 ans, « chaque séance de réflexologie à des effets bénéfiques provisoires. Il faut la renouveler comme l’ostéopathie. C’est un accompagnement nécessaire », témoigne-t-elle.
La réflexologie peut également compléter les thérapies de chimio ou de radiothérapie. « Cela apaise et diminue les effets indésirables du traitement », explique Myriam Ferron. Le bien-être apporté par la méthode détend les malades, soigne leurs nausées ou les aide au niveau du moral. Cependant, si la réflexologie permet de rétablir l’énergie corporelle, « on ne sait jamais si cette vitalité boostée va aller nourrir le cancer ou la santé de la personne. Il faut donc veiller au type de cancer quand on réactive de l’énergie », prévient Gwenn Libouban.
Que la réflexologie soit utilisée en thérapie préventive ou curative, la séance est un instant sur-mesure où le contact entre patient et thérapeute joue un rôle essentiel. Carole souhaiterait elle-même se reconvertir en réflexologue, dont l’activité n’est cependant pas réglementée. Le titre de la profession a toutefois été instauré en 2015 et inscrit au Répertoire National des Certifications Professionnelles.
Par Louna Boulay
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